Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait de jeune militaire, v. 1690-1695. Hôtel des ventes d'Amiens © d.r.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait de jeune militaire, v. 1690-1695. Hôtel des ventes d'Amiens © d.r.

Dans quelques jours, soit le 10 octobre prochain, sera proposé à l'hôtel des ventes d'Amiens, un petit portrait dit de « jeune seigneur » attribué très justement au cercle d'Hyacinthe Rigaud (lot 101).

Le modèle, présenté en buste tourné de trois quart vers le côté droit de la composition adopte une posture tout à fait caractéristique du vocabulaire du peintre autour des années 1690-1695. La perruque ambrée, notamment, toute en légèreté, ne possède pas encore en son sommet les hautes « cheminées » des postiches adoptés à l'aube du XVIIIe siècle. Quant au simple drapé enserrant le buste en guise de manteau, il présente un mouvement de plis assez simple, comme on le voit de manière récurrente dans les portraits de la première période de l'artiste.

Un portrait de jeune seigneur selon Hyacinthe Rigaud

Si l'armure portée par le modèle s'avère symptomatique du règne de Louis XIV, l'absence d'une quelconque distinction (pas d'écharpe de commandement habituellement nouée à la taille, ni davantage de croix de Saint Louis ou de cordon bleu du Saint Esprit), n'aide pas à l'identification du personnage. Aucune gravure correspondante ni portrait de grand format ne peut non plus actuellement venir en comparatif iconographique.

Très nombreux furent en effet les militaires de haut rang ayant participé aux premières victoires de la guerre de la Ligue d'Augsbourg qui se pressèrent dans l'atelier de Rigaud, suivant ainsi les pas du frère du roi (1688) et ceux de son fils, le futur Régent (1689). Quelques années plus tard, en 1697, le grand Dauphin allait définitivement associer le nom de Rigaud aux plus grands militaires de son temps.  

Par ses dimensions modestes (35 x 27 cm) mais surtout par l'aspect esquissé de sa touche qui laisse peu de place à l'individualisation du visage, l'oeuvre n'est pas sans rappeler ces petits riccodo d'effigies à succès que Rigaud faisait exécuter par ses aides d'atelier afin de conserver le souvenir d'une pose, d'une attitude ou d'une création en vue de sa reproduction ultérieure. On pense ainsi naturellement au portrait perdu du jeune duc de Saint Simon, dont nous avions identifié il y a quelques années l'écho peint par Nicolas Joseph Le Roy et son maître Rigaud.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait de jeune militaire, v. 1690-1695. Hôtel des ventes d'Amiens © d.r.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait de jeune militaire, v. 1690-1695. Hôtel des ventes d'Amiens © d.r.

De tels formats en réduction, aisément maniables, permettaient aux clients de choisir une attitude ou au peintre, d'ordonner des répliques, bien des années après la création de l'original. Ils constituaient également de bonnes alternatives aux répertoires d'attitudes, encore plus sommaires qui, cette fois, ne rappelaient que l'essentiel de la posture, en une sorte de catalogue synthétique de la large gamme de portraits de militaires tout à fait interchangeables entre eux que proposait Hyacinthe Rigaud à ses clients.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, répertoires d'attitudes (à gauche collection particulière ; à droite, Bordeaux, musée des Beaux-arts) © d.r.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, répertoires d'attitudes (à gauche collection particulière ; à droite, Bordeaux, musée des Beaux-arts) © d.r.

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