Pierre Benevault (1685-1767) : à l'école de Rigaud
Avec Pierre Benevault (Paris, 1685 – Vienne, 1767), peintre fort inconnu du grand public s’il en est, nous inaugurons une série de focus sur les aides d’atelier de Hyacinthe Rigaud.
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Pierre Benevault : La danse d'Euterpe. Commerce d'art © d. r
Parmi les aides de l’atelier du maître, Benevault est l’un des derniers à avoir suivi l’enseignement de Rigaud. Né et baptisé sur la paroisse Saint Eustache à Paris, le 27 mars 1685, il était le fils de Jean Benevault, bourgeois de Paris demeurant rue Montmartre et de Catherine Delahire. Son parrain fut Pierre Duclos, fermier des domaines du roi et sa marraine, Marie Delahire, épouse du sieur Dumontier. Quelques actes notariés et trop peu d’œuvres témoignent aujourd’hui de son activité. Ainsi, la lecture de l’inventaire après décès, le 19 mai 1740[1], de l’épouse de Benevault, est riche d’enseignements (voir notre transcription du document, PART I & PART II) :
Nous y apprenons que le 19 septembre 1706, devant maître Simon de Villaine[2], Benevault avait épousé Marie Madeleine Lemaigre de Lisy, jeune fille, sous tutorat de son oncle, l’entrepreneur des bâtiments, Jean Croquoison. La famille Lemaigre était originaire du Loiret. Ainsi le défunt père de la mariée, André Lemaigre de Lisy officiait comme inspecteur des Ponts et Chaussés de la Généralité d’Orléans. On apprend également que Benevault avait au moins un frère et une sœur, Jean et Geneviève. La jeune promise comptait également à son mariage sa sœur, Marie-Anne, future épouse Sarazin et des deux frères Michel et Alexis. Tous demeuraient rue du faubourg Saint Honoré, sur la paroisse Saint Madeleine de la Ville l’Evêque. Quant aux Croquoison, ils sont membres d’une dynastie d’entrepreneurs en bâtiment et d’architectes.
« Furent présens sieur Jean Benevault, bourgeois de Paris et Catherine de Lamotte, sa femme, qu’il autorise pour l’effet des présentes, demeurant rue Montmartre, paroisse Saint Eustache, stipulant en cette partie pour sieur Pierre Benevault, leur fils, peintre à Paris, demeurant susdit rue et paroisse, pour ce présent, pour luy et en son nom et de son consentement, d’une part, et sieur Jean Croquoison, entrepreneur des bastimens, bourgeois de Paris, demeurant faubourg Saint Honoré, paroisse Saint Marie Madeleine de la Ville Levesque, au nom et comme tuteur de demoiselle Marie Madeleine Lemaigre de Lisy, fille mineure de deffunt sieur André Lemaigre de Lisy, inspecteur des Ponts et Chaussés de la Généralité d’Orléans, et de damoiselle Madeleine Croquoison, sa femme, ses père et mère, stipulant en cette partie pour ladite demoiselle pour se présente et de son consentement, demeurante susdite rue Montmartre, même paroisse Saint Eustache d’autre part, Lesquelles parties, en la présence et du consentement de leurs parens et amis cy après nommés, sçavoir, de la part du sieur Benevault de Jean Benevault, frère et demoiselle Catherine Antoinette Drimetz, sa femme, de Geneviève Benevault, sœur du futur, et Pierre Delamotte, bourgeois de Paris, cousin, maître Jean Boullard, huissier audiancier en la juridiction des Bastimens du Roy au pallais à Paris, amy, Claude Chevallier, bourgeois de Paris amy et de Nicolas de Meneuray, bourgeois de Paris, aussi amy, et de la part de la demoiselle de Lisy, demoiselle Marianne Lemaigre, sœur de ladite future, de Michel Lemaigre et Alexis Lemaigre, frères et Paul Lepot[3], ancien officier du Roy, grand oncle maternel à cause de demoiselle Marie Le Bouteaux, sa femme, de Bernard Croquoison, architecte, Jacques Croquoison, entrepreneur des bastimens, Barthelemy Bardon, maître chandelier[4] et Nicolas Demetre ( ?), employé dans les bastimens du Roy, oncles maternel […] ».
On sait également, grâce aux livres de comptes de Rigaud, que Pierre Benevault, tout jeune membre de l’Académie de Saint Luc, ne travaille finalement qu’un an pour l’atelier : en 1716, date à laquelle il reçoit plusieurs paiements, plus ou moins rétroactifs. Ainsi, 48 livres lui sont attribuées pour avoir « habillé Mr le May en grand »[5] puis deux fois 24 livres pour les bustes du président au parlement de Provence, Cardin Le Bret[6], et de son épouse, Marguerite-Henriette de La Briffe[7] pour le même prix. Une « tête » de Julie-Christine-Régine Gorge d’Entraigues, marquise d’Anceny[8] et l’habillement d’un buste de Marie-Anne Colbert, marquise de Montal[9] lui valent deux fois 12 livres. D’ailleurs on ne sait s’il s’agissait du paiement tardif des vêtements du portrait original peint deux ans auparavant… Même remarque concernant l’effigie de Charles XII de Suède[10] dont Benevault reçoit 12 livres pour l’habit « en grand (peut-être la copie destinée au baron de Spaar ?).
On note enfin une copie du portrait de Louis XV pour 24 livres[11]… De 1717 à 1721, Benevault est, avec Micheux, aux Gobelins où il retouche des cartons de Charles Coypel[12] : « 8 juin 1713 – 30 janvier 1714 : aux nommés Micheux et Bennevault [sic], pour 650 dessins du Cabinet du Roy qu’ils ont collez sur des cartes fines lissées et bordées de papier d’Hollande bronzé, pendant 1713… 538# 10’ 6d ». En décembre 1733, le nom de Benevault réapparaît dans les criées de Paris[13] (p. 13). Il y est qualifié de « maître peintre » et de « professeur à l’académie de Saint Luc ». Un an plus tard, le 14 juin 1734, il est cité comme expert, avec Pierre Testard[14] lors « pour donner son avis sur la prisée[15] des tableaux, dessins, estampes et livres trouvés, tant dans l’appartement que le peintre Pierre Cavin occupait dans un atelier situé au troisième étage dépendant d’une maison à lui appartenant, sise rue Montmartre »[16].
Le 31 octobre 1739, chez le notaire Alexandre Fortier[17], la fille de Benevault, Marie Madeleine, épouse le graveur Jean Moyreau (Orléans, 1690 – Paris, 1762[18]). Les témoins de la mariés sont Marie-Catherine Benevault, sa tante, femme du sieur Aubray, employé dans les fermes du Roy, son oncle Michel Lemaigre de Lizy, sculpteur, Marie-Anne Lemaigre de Lisy, femme du sieur Jean Galand, huissier au Grand Conseil, les peintres Eloi Fontaine et Charles Sevin de La Penaye, deux artistes très prisés par Hyacinthe Rigaud et Charlotte Doeuillet, épouse du sieur Fontaine, bourgeois de Paris. Du côté de Moyreau, seuls deux amis sont présent : Chauveau, conseiller, secrétaire du Roy et Jérôme Lubin, bourgeois de Paris. Pierre Benevault constitue une dote à sa fille de 4500 livres (4000 en deniers comptants et 500 en meubles, linges et hardes) dont 3000 livres de deniers comptants et 500 en meubles la veille de noces et les milles restants en paiements égaux d’année en année dont la première commencera le jour de la bénédiction nuptiale, « de laquelle somme de quatre mille cinq cent livres il en entrera en ladite communauté celle de deux mille livres et le surplus sera et demeurera propre à ladite demoiselle future épouze […] ».
Moyreau, quant à lui doue en préfix à sa future de la somme de trois mille livres. On apprend également que les biens du graveur de montent à la somme de 36745 livres, soit 2000 livres de rentes sur les Aydes et gabelles provenant de la succession de Monsieur de Boulogne, 2400 livres en un contrat sur Madame Choderlos de Laclos, une action intéressée en la Compagnie des Indes de 2345 livres, 18000 livres pour les fonds de planches gravées de Wouvermans et 4000 livres en estampes imprimées, 2000 livres en tableaux, 2000 livres en meubles et argenterie et 4000 livres en deniers comptants. Entreront dans la communauté, 2000 livres de ces biens, le reste lui restant en propre. Enfin, le contrat précise que « pour l’amitié que ledit sieur et demoiselle future époux ont dit se porter, ils se font par ces présentes donation entre vifs, égalle et réciproque et au survivant d’eux respectivement de tout, les biens meubles et immeubles, acquets, conquets, propres et au généralement quelconques qui se trouveront leur appartenir au jour du décès du premier mourant d’eux, pour en jouir par ledit survivant en l’usufruit seulement sa vie durant, pourvu touttes fois qu’il ny ait aucuns enfants venus du présent mariage […], a été expressément convenu que sur les biens dudit sieur futur époux qui composeront et entreront dans ladite donation, il en sera se trouver sur ledit usufruit la somme de cent cinquante livres par chacun un qui seront payées à compter du jour du décès dudit sieur Moyreau à demoiselle Michelle Moyreau, sa sœur, fille majeure et pendant sa vie, pour luy servir de pension alimentaire, […] ».
Le 24 juin 1741, Pierre Benevault passe en l’étude de Dupont[19] pour faire son procurateur Philippe Pénel, conseiller du roi, contrôleur des rentes du Clergé, personnage rencontré chez Rigaud. Benevault y était qualifié de « peintre, ancien adjoint professeur à l’académie de Saint Luc ». Il est très probable que l’artiste ait décidé de quitter Paris dès cette date et de charger un ami de ses affaires. Alors que dix ans plus tard, à nouveau chez Fortier, Jean Moyreau contracte plusieurs rentes viagères sur le domaine du roi[20].
Grâce à l’inventaire de feue madame Benevault, on constate que la nomination à Vienne de l’artiste, comme peintre officiel en 1752, avait été précédée par des liens étroits avec la Lorraine et la Suisse, par l’intermédiaire du cardinal de Rohan, du prince de Pons ou de la princesse de Guéméné. Le passage du peintre dans l’atelier de Rigaud n’avait donc pas été sans une quelconque utilité puisqu’il y rencontra Eloi Fontaine (auteur du portrait de La Bourdonnaye, évêque de Léon connu par la gravure de Drevet[21]) mais aussi Charles Sevin de La Penaye, aide majeur de Rigaud[22], sur lequel nous reviendrons. On le voit même peindre la belle mère d’un des fils du peintre Jean Ranc, Madame Morard de Galles...
Le château de Schönbrunn conserve quelques œuvres de Benevault , surnommé « Benevault des Mares », tel le double portrait de Jeanne-Gabrielle (1750-1762) et Marie-Josèphe de Saxe (1751-1767), peint en 1759, avant que les princesses ne meurent de la petite vérole.
Pierre Benevault : les princesses de Saxe (château de Schönbrunn) © d.r.
Le 2 décembre 2004 (lot. 1381), passait également en vente à Lindau (Hauktionshaus Zelle) une danse d’Euterpe (huile sur toile, H. 65 ; L. 47 cm), témoignage du goût de Benevault pour les représentations décoratives de son époque. Certains pensent que l’artiste était de retour à Paris en 1774, date à laquelle le Mercure de France[23] mentionne la parution d’une estampes faite par Maleuvre : « III. Anthiope, Reine des Amazones, estampe nouvelle, dédiée à S. A. S. Mgr. Louis, Prince de Salm -Salm. Cette estampe a 20 pouces de hauteur & 14 de largeur. Elle est gravée d'après le tableau de Bennevault, par M. P. Maleuvre. Anthiope est debout au milieu de ses femmes, en habit de guerrière & le casque en tête ; elle est suivie d’autres Amazones, dont l’une lui apporte son carquois. Cette composition est imposante, & exécutée par l’Artiste avec beaucoup de talent. Prix 4 liv. A Paris, chez M. Maleuvre, rue des Mathurins, à côté de celle des Maçons. »
La planche est également mentionnée en 1788 par Karl Heinrich von Heinecken dans son Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes avec une notice détaillée de leurs ouvrages gravés[24] : « Bennevault. Peintre moderne d’histoire à Paris. On a de lui : Anthiope, reine des Amazones, grande pièce in-folio, gravée par P. Maloeuvre. » La fille de Benevault, Marie Madeleine, aura deux filles de Moyreau, dont elle deviendra tutrice à la mort de ce dernier. Un acte passé au Châtelet, le 12 novembre 1762, témoigne de cette tution[25] :
« Par devant les notaires au Châtelet de Paris soussignés, furent présens les parents et amis de demoiselle Marie Anne Madeleine Moyreau, âgée de vingt ans ou environ et Marie Charlotte Moyreau, âgée d’environ quatorze ans, filles mineures de deffunt sieur Jean Moyreau, graveur du Roy et de Dame Marie Madeleine Moyreau, son épouse, à présent sa veuve, comparans par la Dame Veuve Moyreau, demeurant à Paris, rue des Mathurins, paroisse Saint Etienne du Mont ; Sieur Jacques Geffrier, maître Bonnelier à Paris, y demeurant rue Saint Honoré, paroisse Saint Eustache, cousin paternel ; Sieur Alexandre Sarazin, employé aux Fermes, demeurant cloître Saint Nicolas, paroisse Saint Germain l’Auxerrois, cousin maternel à cause de demoiselle Marie Anne Françoise Le Maigre de Lizy, sa femme ; sieur Louis Joseph Boullé, bourgeois de Paris, y demeurant rue du Roulle, paroisse Saint Germain l’Auxerrois, cousin maternel ; sieur Jacques Chéreau, marchand d’estampes, demeurant rue Saint Jacques, paroisse Saint Benoît, amy ; sieur Jacques Nicolas Tardieu, graveur ordinaire du roy, demeurant rue du Plastre, paroisse Saint Séverin, amy ; sieur Jacques Aliamet, graveur, demeurant rue des Mathurins, paroisse Saint Etienne du Mont, amy[26] ; et maître Nicolas Etienne Audry, procureur au Parlement, demeurant susdite rue des Mathurins, paroisse Saint Etienne du Mont, amy. Lesquels ont, par ces présentes, fait et constitué pour leur procureur général et spécial, maître [Aubry], procureur au Châtelet de Paris, auquel ils donnent pouvoir de pour eux et en leurs noms, comparôitre en l’Hôtel et par devant messire le lieutenant civil audit Châtelet et la dire et déclarer pour lesdits constituants qu’ils sont d’avis que ladite Dame veuve Moyreau soit nommée et éllue tutrice des dites demoiselles ses filles, mineures, à l’effet de régir et gouverner leurs personnes et biens et que ledit sieur Geffrier soit pareillement nommé et élu subrogé tuteur des dites mineures, faire en conséquence le serment en tel cas requis et accoutumé et générallement faire pour l’homologation des présentes, tout ce qu’il conviendra, promettant, obligeant, fait et passé à Paris, en l’étude, l’an mil sept cent soixante deux, le douze novembre et ont signé, M. M. Bennevault [sic] – Geffrier – Sarazin – Audry – J. Chereau – Tardieu – Aliarmet – Boullé – Dunon - Fortier. »
Madame veuve Moyreau peut ainsi faire réaliser au nom de ses filles, l’inventaire après de son défunt mari ; inventaire dans lequel on retrouve un certain nombre de papiers concernant Benevault et qui nous donne d’importantes données sur l’aspect modeste de l’appartement du graveur Moyreau. Son fond de gravure, par contre, constitue la majorité de sa fortune.
[1] A. N. Min. cent., Et, XXI, 340 (Maître Rabouine).
[2] A. N., Min. Cent., et. LXI, 310. En exercice du 9 janvier 1687 au 19 août 1707 rue de la Comtesse-d’Artois sur la paroisse Saint Eustache (source Etanot).
[3] Paul Lepot mourut avant 1714, date à laquelle sa femme est témoin au contrat de mariage, devant maître Marchand le jeune et Vérain (23 décembre 1714) entre Robert Poquet, conseiller du roy, contrôleur général des rentes sur l’hôtel de ville et Catherine Boussingault.
[4] Bathélémy Bardon, maître chandelier avait épousé Catherine Croquoison. Voir A. N., Y5282, 19 juin 1719 : clôture de l’inventaire après décès de Barthélémy Bardon, commencé le 17 avril 1719. Le couple demeurait faubourg de Gloire, paroisse Saint Laurent.
[5] Roman, Le livre de Raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, Laurens, 1919, p. 183, faisant référence au portraits en buste de « Mr et Made Maée, coner au parlemt », peints en 1712 contre 600 livres chacun (p. 164). Il s’agissait d’Étienne-Vincent Le Mée (1681-1735), conseiller au parlement de Paris depuis le 13 juin 1711, puis « conceiller en la deuxième Chambre des Enquestes, monté à la Grand’Chambre le 28 juillet 1742 ». Son épouse était Crespine Catherine Charmolue de La Garde, d’une ancienne famille de Compiègne.
[6] Le Paiement des deux portraits est inscrit aux livres de comptes en 1712 contre 800 livres (Roman, op. cit., p. 183) ; coll. Mme Paul le Bret née Miromesnil (1810) ; Château de la Potardière en 1889 (selon Gibert) ; ancienne galerie Charpentier vente du 15 décembre 1950, avec dimensions erronées (H. 136 ; L. 103) ; Vendu avec le portrait de son épouse en Cérès ; Racheté après la Vente Rouillac-Cheverny 1er & 2 juin 2003, n° 48, par un descendant de la famille Le Bret. Pour la bibliographie : Mariette, 1770, fol. 116v ; Hulst/3, p. 190 ; Le Bret, 1889, p. 60-77 ; Roman, 1919, p. 164, 173, 179, 183 ; Soulié, 1880, N°4335 ; Constans, 1980, N°5714 ; James-Sarazin, 2003, p. 250-255, repr. p. 253 ; Perreau, 2004, p. 125, repr. p. 126 (en couleur), fig. 95.
[7] Roman, op. cit., p. 183 pour la copie de Benevault.
[8] Ibid. Le paiement inscrit aux livres de comptes en 1714 pour 700 livres : « Made la marquise Danceny. Hab. répété » (Roman, op. cit., 1919, p. 171). L’habillement ayant été réalisé par La Penaye (Roman, op. cit., 1919, p. 190), on se demande ce que Rigaud fit finalement dans cette effigie… Julie-Christine-Régine Gorge d’Entraigues (morte le 24 août 1737), était la fille de Julie d’Estampes (1645-1705) et de Pierre Gorge d’Antriguas dit d’Entraigues (1643-1723). Elle épousa le 13 avril 1709, Paul-François de Béthune (1682-1759), marquis d’Ancenis, puis duc de Charost et de Béthune, peint en buste par Rigaud en 1711 (« Mr le marquis d’Anceny, c’est Ancenis. Habt original », habillé par La Penaye : Hulst/3, p. 189 ; Roman, 1919, p. 157, 190) et avec qui elle eut six enfants. Le marquis d’Anceny était Capitaine des gardes du corps du roi et gouverneur de la province de Picardie, Pair de France, chevalier de Saint-Louis depuis 1715, fut gouverneur de Louis XV, chef du Conseil royal des finances et fit construire entre 1720 et 1723 le corps de logis et les pavillons d’entrée de l’actuelle ambassade de Grande-Bretagne (hôtel de Charost), rue du Faubourg Saint Honoré à Paris.
[9] Paiement inscrit aux livres de comptes en 1715 pour 300 livres : « Made la marquise de Montal. Hab. Rép. » (Roman, op. cit., p. 171). Le portrait original devait à mi corps si l’on en croit le travail de La Penaye en 1715, date à laquelle il reçoit 70 livres pour « Une coppie en grand de Made de Montal » (Roman, op. cit., p. 180). Le travail de Benevault (mentionné p. 183) a consisté en un habillement d’un buste. Roman privilégiait ici un portrait de Marguerite-Henriette de Saulx-Tavannes de Mirbel, marquise du Montal puis de Druy (morte en 1733), épouse depuis 1678 de Louis de Montsaulnin, marquis de Montal (mort en 1686). On se demande pourtant ce qui poussa ce modèle à se faire portraiturer par Rigaud, alors qu’elle était veuve depuis trente ans. Aussi nous pensons qu’il s’agit, de manière plus satisfaisante, de l’épouse de leur fils, Charles-Louis de Montsaulnin, marquis de Montal (1681-1758), baron de Courcelles, seigneur de Saint-Brisson, Chevalier du Saint-Esprit (1745), colonel du régiment de Poitou (1708), brigadier des armées du roi (29 mars 1710), maréchal de camp (1er février 1719). Lieutenant général (1er août 1734), il avait en effet épousé, le 21 avril 1705, Marie-Anne Colbert qui ne décèdera que le 6 juin 1740, fille d’Edouard Colbert de Villacerf, autre modèle de Rigaud en 1701 (Roman, op. cit., p. 86) et qui constitue un modèle idéal en cette année 1715.
[10] Paiement de l’original (Stockholm, National Museum. Inv. NM 883) inscrit aux livres de comptes en 1715 pour 900 livres : « Mr le baron d’Esparre, de Spaar, pour une coppie du roy de Suède, son maître. Hab. rép. » (Roman, op. cit., p. 177). Nous avions rappelé en 2004, comme le baron de Sparre, ambassadeur à Paris, commanda à Rigaud le portrait de son souverain qui n’avait pas pu se déplacer en France (Perreau, 2004, p. 208). Il convient donc de rendre à Benevault la paternité de l’habillement du tableau de Stockholm (Roman, op. cit., p. 183).
[11] Original (Versailles, musée national du château. Inv. 7500, MV3695, AC 2410, signé et daté en bas à droite : Fait par Hyacinthe Rigaud en septembre 1715) inscrit aux livres de comptes en 1715 pour 8000 livres : « Le roy Louis quinze » (Roman, op. cit., p. 178). Travail de Benevault mentionné p. 183. Il s’agit du grand portrait de Louis XV enfant, assis sur son trône, effigie commandée par le Régent. Le Nouveau Mercure de France de juin 1717 se fait l’écho du succès de cette première effigie royale : « Le portrait du roi, que le sieur Rigaud avoit commencé dès le mois de septembre 1715 et qu’il n’a fini que depuis quelques jours, fut présenté, le 7 juin 1717, par ce peintre célèbre à Monseigneur de duc Régent. On le porta, le 10, à Sa Majesté, qui parut fort aise de le trouver dans son cabinet parce qu’il est très beau et très ressemblant ».
[12] Voir Jules Guiffrey, Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, Paris, 1881-1901, tome 5, p. 699 et Thierry Lefrançois (Charles Coypel).
[13] « Noms d’artistes ou présumés tels, recueillis dans les extraits des criées certifiées au Châtelet de Paris. 1670-1786 », Paris, BNF, F. 14449, Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, Paris, Champion, 1874, p. 60.
[14] Testard, que l’on retrouvera en 1740 lors de l’inventaire après décès de Madame Benevault.
[15] Par Me François Prevost (et. XX).
[16] Testard habitait alors rue Neuve-des-Petits-Champs et Benevault rue Montmartre. Voir Jules Guiffrey, Scellés et inventaire d’artistes, N.A.A.F., 2e série, t. IV, 1883, pp. 326, 327.
[17] A. N., et. XXXI, 117. Alexandre Fortier fut en exercice du 24 novembre 1728 au 26 janvier 1770, rue de Richelieu, au coin de la rue Neuve-des-Petits-Champs, paroisse Saint-Roch ou paroisse Saint-Eustache, quartier Montmartre ou quartier du Palais-Royal (source Etanot).
[18] L’inventaire après décès de Moyreau est entamé le 15 novembre 1762 par Fortier (A. N., et. XXXI, 174).
[19] A. N., et. XXIV, 683.
[20] A. N. et. XXXI, 148, 8 et 22 octobre, 23 novembre 1751.
[22] Il fut celui qui resta le plus longtemps dans l’atelier de Hyacinthe Rigaud, en fut le dernier et fut autorisé à signer avec son maître le grand portrait en pied de Bossuet, évêque de Meaux (Paris, musée du Louvre).
[23] Mars 1774, p. 165.
[24] Leipzig, 1788, Tome 2, p. 451.
[25] A. N., Y4846.
[26] Né à Abbeville le 30 novembre 1726, mort à Paris en 1788, il était connu comme graveur à la pointe sèche.