Depuis longtemps, l’Inventaire après décès de Hyacinthe Rigaud fut considéré comme perdu. Pourtant référencé dans les répertoires du notaire Pierre-Etienne Renard au minutier Central des Archives Nationales (ét., XLIII, liasse 383), il était visiblement manquant depuis de nombreuses années car Claude Colomer, qui publia en 1973 l’une des études majeures sur l’artiste, ne put trouver le document. Quand nous nous sommes intéressés à Rigaud, en 1990, nous ne l’avions pas non plus retrouvé et rien n’indiquait d’ailleurs dans la liasse du notaire qu’il fut déplacé ou numérisé...

L'inventaire après décès d'Hyacinthe Rigaud (1744)

En réalité, la minute avait été retirée de sa liasse sans qu’un onglet dans le carton ne le signalâ, et déposée au musée d’Histoire de France, en réserves, sous la cote : Ach. nat., MC, XLIII, 383, res 217. L’acte fut redécouvert en 1992 par Mme James-Sarazin, alors élève de l’école des Chartes, laquelle, sans en donner la cote de réserve, en livra de très brèves citations en ilustrations de quelques-uns de ses articles publiés en 2003. Ce n’est que 17 ans plus tard, en novembre 2009, qu’elle en donna une transcription totale, dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français (BSHAF). On y lira une analyse scientifique du manuscrit, comme un livre ouvert sur la vie du peintre, tout particulièrement au travers de sa bibliothèque et de ses ouvrages à caractère jansénistes. 

En février 2007, alors que l’acte n’était toujours pas publié de même que sa cote, nous sommes tombé assez par hasard sur l’acte microfilmé (à l’occasion d’une recherche approfondie sur des plans d’architecture), ce qui nous a permis d’en prendre enfin connaissance et d’en faire une transcription aisée.

L’inventaire confirma le contenu de l’intérieur de la dernière demeure de Rigaud ; lequel était connu grâce au « Procès verbal d’apposition de scellés après le décès d’Hiacinthe Rigaud, peintre du roi », publié par Guiffrey dans les Nouvelles Archives de l’art français à la fin du XIXe siècle (2e série, vol. V, tome 11, 1887, p. 47 et suiv.). L’inventaire suivait, mais avec plus de détails, le schéma descriptif du commissaire au Châtelet,  Louis-Jérôme Daminois, lorsqu’il eut à apposer ses scellés sur les effets du peintre, le 29 décembre 1743. On y retrouva toutes les œuvres d’art qui étaient évoquées par les neuf testaments de l’artiste « redécouverts » par Colomer depuis 1973, par l’Etat des tableaux que j’ai des grands maîtres fait en 1703 par l’artiste lui-même et par le catalogue de la vente du peintre Hyacinthe Collin de Vermont, filleul de Rigaud en 1761 dont nous avons retranscrit le catalogue de la vente. Par contre, l’Inventaire donnait enfin la liste complète de la bibliothèque de Rigaud, de ses tableaux de maître (Bourdon, Rubens, etc…) qui furent vendus sans être légués en 1744. L’inventaire vaut également beaucoup pour la connaissance de l’intimité de Rigaud des dernières années, grâce à une description des meubles, tapisseries, linges, et autres effets personnels qu’il laissa, ainsi que de sa bibliothèque et autres papiers intimes (contrat de mariage entre le peintre et Elisabeth de Gouy, bail sous seing privé de sa dernière demeure, constitutions et reconnaissances de dettes...).

L’inventaire boucle ainsi la série des grands actes d’archives de Rigaud s’insère utilement dans le canevas chronologique des actes notariés du Catalan. Il permet aussi la confrontation avec un autre document essentiel qui, jusqu’ici consolait à défaut le chercheur de la « perte » de l’inventaire. Il s’agit de la Comparution et Arrêté de comptes ensuite de l’exécution testamentaire, faits par le notaire Louis Billeheu du 6 février au 26 mars 1747

Vous trouverez donc ci-dessous, un lien pour télécharger la transcription de l’inventaire (février 2007) ainsi que le document original que nous avions photographié.

 

Téléchargez la transcription de l'Inventaire après décès d'Hyacinthe Rigaud (2007)

 

Téléchargez l'Inventaire après décès manuscrit (photos Stéphan Perreau ; © d.p.)

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