Dupleix

École française du XVIIIe siècle d'après Hyacinthe Rigaud, portrait de Charles-Claude Ange Dupleix de BacquencourtAllemagne, commerce d'art © d.r

 

« Les Dupleix de Bacquencourt sont du Mâconnois ; le conseiller d’état est fils du fermier général de ce nom, lequel étoit petit-fils d’un notaire de Mâcon, qui avoit un frere voiturier dans le même pays, & qui étoit fils d’un sous-fermier dans la province. A Mâcon ainsi qu’à Châtelleraut il existe plusieurs de leurs parens. Un des parens du fermier général vint lui demander de l’emploi ; sa vanité l’a empêché de le reconnoitre, &c de l’employer pour lui : il a été longtemps directeur de la compagnie des Indes ; il a fait entrer son frère dans le service maritime de cette compagnie. Il s’y est distingué & est parvenu au grade de gouverneur de Pondichery. Il eut un procès centre le fameux la Bourdonnais, au sujet du pillage de Madras, dont Dupleix &. la Bourdonnaye ont profité au désavantage du roi. Le fermier-général étoit un homme haut, bas, bourru, très dur, & incapable de rendre service. Son fils le conseiller d’état est un homme nul, très-humble esclave de la cour, grand admirateur de la ferme[1]. »

 

Cet avis public, paru au lendemain de la Révolution Française en déformant quelques publications antérieures[2], était loin de donner une vision flatteuse des Dupleix. L’image de l’un d’eux, Charles-Claude-Ange Dupleix de Bacquencourt (1606-1750), copie d’après un original peint par Hyacinthe Rigaud, est proposée ce 16 novembre par la maison Van Ham.

 

L’image se veut le témoin d’une époque où l’artiste, à la santé chancelante, jetait ses derniers feux créateurs dans quelques belles œuvres à la technique parfaitement maîtrisée. Avec une moyenne de cinq ou six tableaux par an depuis 1730, il produisait beaucoup moins, mais bénéficiait d’une clientèle renouvelée, sinon plus prestigieuse que ceux des années précédentes, du moins financièrement « arrivée ». Une majorité des œuvres, peinte durant cette période, est d’ailleurs parvenue jusqu’à nous, permettant à l’historien de l’art de constater la constante qualité du travail de l’artiste.

 

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Hyacinthe Rigaud - portrait de Charles-Claude Ange Dupleix de Bacquencourt (1738).

France, collection particulière © photo catalogue de l'exposition Nattier, 1999

 

Qu’ils adoptaient ou non une posture dite « originale » (car jamais utilisée auparavant), les bustes que produisait Rigaud se négociaient alors 600 livres, ponction somme toute bien maigre dans les finances des riches fermiers généraux parisiens appelés à solliciter l’artiste. C’est le cas de celui de Dupleix de Bacquencourt, ajouté à la date de 1738 des manuscrits des livres de comptes par Hendrick van Hulst (son ami) qui les compléta après la mort de Rigaud.

 

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Extrait d’un des livres de comptes de Rigaud (ms. 624, f°45 v°). Paris, bibliothèque de l’Institut  © photo Stéphan Perreau

 

Quelques années auparavant, les Castanier, Darlus, La Porte, Des Vieux, Grimod et autres Rousseau « riches à millions », avaient fréquenté le luxueux appartement de Rigaud rue Louis-le-Grand, se sentant probablement plus à leur aise dans cet environnement précieux et cossu que dans celui d’un peintre plus modeste. S’il ne sollicitèrent finalement que des postures relativement peu ambitieuses, c’est qu’ils se payaient avant un nom, une réputation, réservant plutôt les grandes mises en scènes à leurs épouses. Jean-Marc Nattier (1685-1766), puis Louis-Michel van Loo (1705-1771) ou Jacques André Joseph Aved (1702-1766) pour ne citer que ceux-là, se firent quant à eux une spécialité de ces vastes effigies féminines où l’élégance régnait sans partage. Il n’est donc pas rare de les retrouver en « pendant » d’un portrait masculin par Rigaud.

 

De même, si les pastellistes et les nouveaux portraitistes des Lumières tels Quentin de La Tour (1704-1788), Louis Tocqué (1696-1772) ou Alexander Roslin (1718-1793) séduisaient désormais une nouvelle clientèle friande de portrait « sensible », lequel visait à mettre en valeur une image privée plus « domestique », Rigaud savait encore captiver un certain public fait de riches financiers attachés aux « grands noms ». Il est vrai, comme s’en ouvrait Dargenville au lendemain de la mort du maître, qu’il semblait être le seul à maîtriser la véritable ressemblance, à fournir un travail parfait dans les carnations et de sonner de l’âme au rendu sublime des étoffes[3] :

 

« Les draperies qu’il sçavoit varier de cent manières différentes, & faire paroître d’une seule pièce par l’ingénieuse liaison des plis, faisoient sa principale étude. S’il peignoit du velours, du satin, du taffetas, des fourrures, des dentelles, on y portoit la main pour se détromper ; les perruques, les cheveux si difficiles à peindre, n’étoient qu’un jeu pour lui ; les mains surtout dans ses tableaux sont divines ».

 

Laissant à de rares effigies les accessoires par trop superflus (et désormais fastidieux à composer), Hyacinthe Rigaud privilégiait désormais les infinies variations d’un drapé, devenu unique objet de décor. Il donna ainsi plus que jamais raison à son filleul, Collin de Vermont, qui considérait qu’outre son parrain, « personne n’a poussé plus loin que lui l’imitation de la nature dans la couleur locale et la touche des étoffes, particulièrement des velours ; personne n’a su jeter les draperies plus noblement et d’un plus beau choix »[4]. Dupleix de Bacquencourt ne fait pas exception.

 

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Signature de Charles-Claude Ange Dupleix de Bacquencourt sur son testament.

Paris, archives nationales, minutier central © photo d.r

 

L’homme était né dans le Nord, à Landrecies, le 8 janvier 1696 de l’union d’Anne-Louise de Massac (morte en 1723) fille de Claude-Ange, trésorier du roi et receveur du Domaine à Landrecies. Son père, René-François (1664-1735), occupa les postes de contrôleur général des domaines du Hainaut en résidence à Landrecies, de directeur de la compagnie des Indes, de sous-fermier de la généralité de Mâcon, de directeur de la manufacture royal des tabacs de Morlaix et d’écuyer de la grande écurie (1719)[5]. Frère aîné de Joseph-François Dupleix (1697-1763) qui rendit son nom célèbre par la gouvernance générale de la Compagnie des Indes de 1741 à 1754, Charles-Claude Ange « eu trois femmes, toutes trois de mérite » selon Moufle d’Argenville[6] : le 19 mars 1724, il s’unit sur la paroisse parisienne de Saint-Paul, Jeanne-Henriette de Lalleu (1709-1736), issue d’une famille de marchands-bourgeois de Paris et petite-fille d’un précédent modèle de Rigaud, le notaire parisien Pierre Savalatte (1641-1722)[7]. Un an avant sa mort prématurée, et après avoir mis au monde trois enfants, Madame Dupleix sollicita Nattier pour un « mi-corps » où elle prenait la pose d’une vestale, sans cependant en avoir véritablement les attributs peints[8].

 

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Jean-Marc Nattier, Madame Dupleix de Bacquencourt, née Lalleu – 1735. Coll. priv. © d.r.

 

Installé comme directeur général des privilèges exclusifs du tabac et du café en Guyenne et Béarn, devenu fermier général depuis 1731, Dupleix s’était vu anobli en 1734, par à l’obtention de la charge de conseiller-secrétaire du roi, maison et couronne de France. Il ne tarda pas à contracter un second mariage, par contrat du 3 juin 1739, avec Marguerite-Françoise de Reims (1719-1742), fille de Marie-Elisabeth Christine de Lenoncourt et d’Antoine-Bernard de Reims, baron du Saint Empire, chambellan du duc Léopold de Lorraine et lieutenant des chevau-légers de sa garde. Les traits de la jeune femme furent aussitôt fixés Aved, l’année de son mariage, la montrant délicieusement assise à sa table de toilette, en négligé du matin (Jérusalem, musée d’Israël). L’année de la mort Madame Dupleix, Nattier fut à nouveau sollicité pour un second portrait, calqué sur une attitude antérieure[9].

 

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Jean-Marc Nattier, Madame Dupleix de Bacquencourt, née De Reims – 1742.

Coll. priv. © Christie's images Ltd

 

Loin de se décourager, le fermier général convola en troisièmes noces, par contrat devant Rabouine du 29 juillet 1743, avec Marie-Augustine Erard de Ray (1725-1781), qui lui survivra comme marquise de Poyanne[10].

 

Pour qui a pu admirer le portrait original de Dupleix de Bacquencourt, « bon travailleur, extremment vif et bouillant, fastueux, et orgueilleux »[11], la féerie est bien là. Daté et signé au dos « peint par Hyacinthe Rigaud 1739 »[12], la face animée du fastueux Dupleix, presque rengorgée de satisfaction, rejoint par la qualité de sa facture quelques beaux bustes de fermier généraux tel celui, dans une autre posture mais au ruban de col tout aussi lâché, d’André Guillaume Darlus du Tailly (1683-1747), peint en 1733 pour le même prix.

 

1733 - Guillaume Dartus (Cheverny)

Hyacinthe Rigaud : portrait de Guillaume Darlus – 1733.

Château de Cheverny © Photo Stéphan Perreau

 

Quoique noté par Hulst comme « entièrement original », le portrait de Dupleix n’était sans doute qu’une répétition d’un modèle antérieur, comme le prouve l’effigie du fermier général originaire de Montpellier Laurent Mazade (1656-1743), également payée 600 livres en 1732[13]. On y voyait déjà le modèle, vu de profil tourné sur la gauche, un bras relevé mais dont l’extrémité basse est cachée par un ample manteau.

 

1732 - Laurent Mazade (coll. priv.)

Hyacinthe Rigaud : portrait de Laurent Mazade – 1732.

Collection privée © Photo étude Rouillac

 

Ce procédé, outre son aspect décoratif et le prétexte pour l’artiste à montrer sa dextérité dans la représentation d’un « matelas » de velours, permettait de ne pas figurer les mains, ce qui aurait largement fait hausser le prix du portrait. En revanche, il est toutefois possible que Hulst ait considéré que l’ordonnance du ruban rose, dont on ne connaît pas d’équivalent, ait été une raison suffisante pour mérité le label « original » malgré une vêture éculée. Hyacinthe Rigaud utilisa jusqu’à sa mort ce canevas, variant simplement le drapé. On en a un bon exemple avec cet autre portrait d’homme non identifié, à la cravate de dentelle plus sage mais à l’agencement très similaire au Dupleix (même nombre de boutons sur la veste)[14].

 

1738 - Homme (17-10-97)

Hyacinthe Rigaud : portrait d’homme – v. 1738. Collection privée © Photo Sotheby’s

 

On pourrait alors dresser une liste exhaustive de toutes les effigies « calquées » sur ce ce type d'habillements, du portrait rutilant de l’introducteur des ambassadeur Eusèbe-Jacques Chaspoux, marquis de Verneuil (v. 1691-1747)[15] à celui plus doux de Jacques-François Charles de Bence, seigneur de Guénebault (v. 1716-1748)[16] en passant, et au prix de quelques agencements, par le fier Antoine Rousseau (1678-1749)[17].

 

Concernant la version de Van Haam, il faut reconnaître qu’il n’est pas possible de savoir quel artiste copia Rigaud, lequel travaillait d’ailleurs depuis longtemps seul (une copie du XIXe était d’ailleurs locasisée avant la première Guerre Mondiale à l’abbaye de Longpont). Tout au plus est-il aisé de refuser à cette version toute  intervention du maître tant il existe une profonde différence de qualité entre l’original et la copie proposée par Van Ham. Sur cette dernière, quoique fidèle au modèle, le visage est devenu un peu lourd, la bouche légèrement de travers et les carnations rougies sont artificiellement appuyées, notamment au dessus des yeux et l’arrête du nez. Dans l’original, le traitement des chairs est de loin plus admirable, tout en fondu de crême.

 

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École française du XVIIIe siècle d'après Hyacinthe Rigaud - portrait de Charles-Claude Ange Dupleix de Bacquencourt (détail). Allemagne, commerce d'art © d.r

 

Dans la version Van Ham, et particulièrement dans le revers du manteau près de l’épaule et dans le bas à gauche, là où la manche se devine dans l’ombre, l’œil moderne perd parfois l’idée de l’effet primitive, sans doute à cause du travail par trop rapide du peintre. De même, le ruban rouge dénoué, aux effets de soie un peu raides, manque-t-il ici, à notre sens, de profondeur de champ, peu aidé il est vrai par des ombres un peu trop franches pour avoir été de la main de Rigaud même. Le côté esquissé du tissu, particulièrement dans sa partie haute où il s'enfonce dans le col ne semble pas satisfaisant. La dentelle plate, elle aussi, accuse un degré finition inférieur au Rigaud des tableaux autographes.

 

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École française du XVIIIe siècle d'après Hyacinthe Rigaud - portrait de Charles-Claude Ange Dupleix de Bacquencourt (détail). Allemagne, commerce d'art © d.r

 

On a souvent reproché au Rigaud des dernières années, à tort selon nous, non pas une baisse de qualité, mais une certaine monotonie dans les répétitions ou une dureté dans des couleurs dites « électriques », traitées en camaïeu de violets, lie-de-vin, verts bouteille, bruns de terre. D’Argenville avoua d’ailleurs que « dans son dernier tems, Rigaud, à force de finir ses tableaux, en a rendu les contours secs, & que sa couleur tire un peu sur le violet ». Le peintre continuait néanmoins à « lécher » plus que jamais son travail, liant les débords et soignant les passages d’une matière à l’autre. Il ne s’autorisait que peu d’empâtements sur la couche superficielle de ses tableaux, préférant intégrer directement la lumière à sa matière par un fondu extraordinaire de la couche picturale.

 

Les productions de Rigaud des années 1740 dégagent un sentiment de perfection surannée mais qui témoigne d’un savoir faire total qui ne souffre aucune médiocrité. Ne boudons tout de même pas notre plaisir tant cette copie de bonne tenue permettra au spectateur moderne de découvrir « l’homme Dupleix », chez qui « on trouva après son décès quarante mille lois d’or, et de l’argent à proportion ».

 

Son volumineux inventaire après décès, de plus de 340 pages, entamé 28 novembre 1750[18], égrène en effet une fortune considérable, des meubles de prix (cartonnier de Crescent, bronzes, porcelaines et glaces à foison) mais surtout une belle collection de 80 tableaux, expertisée le 4 décembre par Aved. Dans un cabinet au rez-de-chaussée de la maison de la rue Tiquetonne, on trouva 35 numéros essentiellement composés de maîtres de l’école du Nord dont Philips Wouwerman se taille la part du loin, rejoint par Brueghel, Teniers, Calf, Rembrant, Van der Meulen mais aussi « un petit tableau sur bois par Chardin représentant un jeune homme qui desine dans sa bordure de bois sculpté doré » (n°29) et « quatre Estampes enluminées d’après la Rozalba[19] dans leurs bordures de bois noicy » (n°34). Dans la grande chambre du cabinet, quatre tableaux trônaient dont un Forest et une copie d’après Alexandre Desportes. Dans la salle à manger au premier étage, reprenait le bal des tableaux hollandais mêlés d’écoles italiennes. La douce atmosphère de la chambre à coucher attenante, était sans doute propice à l’accrochage d’un tableau de Jean-Baptiste Santerre, et figurant Bethsabée de baignant (n°52).

 

Quant au Rigaud et aux Nattier, ils furent bien consignés à l’Inventaire, juste pour mémoire, au verso du folio 17 : « Et à l’égard de huit tableaux peints sur toille dont trois de quatre pieds de haut représentant M. Dupleix et ses deux premières femmes, trois autres de trois pieds représentant M. de Courteille[20] et Mlle Savalette sa femme et le troisième Madame de Navennes, et les deux autres de même grandeur représentant M. le chevalier de St Georges et l’autre un militaire, tous dans leurs quadres de bois sculpté doré ».

 

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Inventaire après décès de Charles-Claude-Ange Dupleix de Bacquencourt (1750, détail du verso du folio 17). Paris, archives nationales, ét. XXI, 385 © Stéphan Perreau

 

[1] Louis Brossard, Les Métamorphoses, ou Liste des Noms de famille et patronymiques des ci-devant Ducs, Marquis, Comtes, Barons, etc., Excellences, Monseigneurs, Grandeurs, demi-Seigneurs et Anoblis, Paris, 1790.

[2] Barthélemy-François-Joseph Moufle d’Angerville, Vie privée de Louis XV ou Principaux évènemens, particularités et anecdotes de son règne, 1784, I, p. 247.

[3] Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville (1680-1765), Abrégé de la Vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, Quelques Réflexions sur leurs Caractères, et la manière de connoître les dessins des grands maîtres, Paris, De Bure, 1745.

[4] Essay sur la vie et les ouvrages de Monsieur Rigaud par Monsieur Colin de Vermont, peintre ordinaire du Roy et professeur en son Académie Royale de Peinture, publié après la mort de Rigaud, Mercure de France, nov. 1744.

[5] Pour un rappel de la généalogie des Dupleix et les références à leurs divers actes notariés voir les travaux de Jacques Lemarois.

[6] Memoires et essays pour servir à l’histoire du Publicanisme moderne contenant l’origine, noms, qualité, bonnes et mauvaises inclinations, les portraits et histoires abregées de nos seigneurs les Fermiers Généraux, depuis l’année 1720 jusqu'en 1750 (AN MM818/2). Cité par Jacques Le Marrois.

[7] Peint en 1692 contre 245 livres (Roman, 1919, p. 31). Fils d’un vinaigrier parisien « qui y a poussé la broüette, et crié du vinaigre dans les rues », Pierre Savalette devint notaire « de M. de Chamillart ministre de la guerre, et controlleur général des finances, qui luy fit naistre l’idée de pousser son fils dans la finance. Il l’envoya à Rouen pour apprendre le métier de rat de cave : après quelques mois d’instructions, son père le fit revenir, le plaça chez M. Bignon intendant de Paris, où il s’instruisit dans différentes affaires, s’interessa dans plusieurs traites et sous fermes, il épouza la demoisele Nozière dont la mère étoit aimée du comte de Noé qui avoit été gouverneur et favory du duc d’Orléans régent, qui fit nommer Savalette, fermier général en 1718, directeur de la compagnie des indes pour régir les fermes générales, qui y furent réunies en 1719. Il a fait une action digne d’avoir place dans les fastes du publicanisme, ayant fait un profit très considérable sur un certain nombre d’actions qu’il avoit eû de la première main, il fit faire une distribution aux chef de ses bureaux, sous chefs commis et autres, chacun des chefs eût 2000 livres, sous chefs 1000 livres, chacque commis 300 livres. Le tout pour les engager à travailler avec zèle et courage pour le bien du service ; cette gratification étoit de luy seul, car les autres fermiers généraux n’y eurent aucune part. Il a succédé à M. Fillon de Villeneuve dans sa charge de garde du trésor royal après avoir cédé la place de fermier général au sr Savalette de Buchelay son fils qui exerce actuellement. » (« Memoires et essays… », op. cit.). Le père de Jeanne-Henriette, Guillaume de Lalleu (1679-1747), également notaire au Châtelet, conseiller du roi et échevin de la ville de Paris avait épousé, le 18 avril 1706, Marie-Jeanne, fille de Pierre Savalette.

[8] 82,6 x 65,7 cm. Daté et signé Nattier Pinxit/1735. Collection particulière. Voir Salmon, op. cit., 1999, p. 93-96, ill. p. 94.

[9] Daté et signé Nattier p.x. / 1742. Huile sur toile, 101,3 x 81,3 cm. Vente Londres, Christies, 5 juillet 2011, lot 16. Voir Salmon, op. cit., p. 94, fig. 2. Xavier Salmon évoquait une possible effigie posthume.

[10] Xavier Salmon notait que les deux tableaux figurant les deux dernières épouses de Dupleix, « présentent des compositions que Nattier réutilisa plusieurs années après pour d’autres modèles. En 1756, il peignit ainsi le portrait d’Antoinette-Madeleine de Baylens (1730-1761), marquise de Poyanne (huile sur toile, 78,7 x 63,5 cm. Vente Sotheby’s New York, 16 mai 1996, lot 108 ; repris et extrapolé en pied par un anonyme). Il se contenta alors d’associer le nouveau visage au corps qu’il avait inventé en 1735 pour Jeanne-Henriette de Lalleu. Au reste il est intéressant de noter que Bernard de Baylens, l’époux d’Antoinette-Madeleine, convola en secondes noces avec Marie-Augustine Erard de Ray, qui avait été la troisième épouse de Dupleix. »

[11] « Memoires et essays… », op. cit. : « Il étoit fort au fait des fermes, bon travailleur, extrêmement vif et bouillant, fastueux, et orgueilleux. Ce dernier vice luy a fait faire une fondation assez singulière dans un terre qu’il a acquise auprès de Soissons, son frère le gouverneur de Pondichéry, ayant soutenû assez glorieusement le siège, que les anglois y avaient mis par terre et par mer ; celuy-cy pour en conserver la mémoire, a fait et établi un fond pour marier douze garçon par an, et que les enfants provenants de ces 12 mariages, les mâles auraient chacun 150 livres et les filles 100 livres argent comptant ».

[12] Roman, 1919, p. 216 ; Xavier Salmon, Jean-Marc Nattier, RMN, 1999-2000, p. 94, repr.

[13] Roman, 1919, p. 208 ; Perreau, 2004, p. 179.

[14] Huile sur toile 81 x 61 cm. Vente New York, Sotheby’s, 17 octobre 1997. Perreau, 2004, p. 180, repr. fig. 154.

[15] Perreau, « Rigaud particulier », L’estampille l’objet d’art, Paris, 2009, p. 66

[16] Peint en 1741 et payé en 1742. Roman, 1919, p. 218 ; Perreau, 2004, p. 179-180.

[17] Payé en 1737. Roman, 1919, p. 215 ; Perreau, 2004, 177, 234 ; Perreau, « Antoine Rousseau », édition numérique, http://wikipedia.fr, 9 novembre 2008 ; James-Sarazin, 2009/1, n°71 (non exposé), p. 142

[18] Paris, archives nationales, Minutier central, ét. XXI, 385.

[19] La célèbre pastelliste italienne Rosalba Carriera (1675-1757).

[20] Fils de l’intendant Jacques Dominique et de Elisabeth Doumengin, Dominique-Jacques Barberie (1696-1767), marquis de Courteilles, conseiller d’Etat, intendant des finances (1752) avait épousé, en 1732, Henriette-Geneviève Savalette (15 août 1715 -17 février 1740), petite-fille du notaire Pierre Savalette, dont nous avons parlé plus haut. Son père, Charles Savalette (1683-1756), seigneur de Buchelay et de Magnanville commis de Fagon, puis l’un des fermiers généraux de sa majesté (1728), garde du trésor royal avec Micault d’Harvelay, intendant de la généralité de Tours (1756), « d’une richesse immense qu’il a gagné tant dans le sistême, que dans les fermes, [il] a une belle terre peu éloignée de Paris, nommée Magnanville, et quantité d’autres dans plusieurs provinces, il jamais donné dans le cotillon, ayant toujours beaucoup aimé sa femme ». Veuf, Barberie s’unira le 26 mars 1746 à Dijon avec Marie-Madeleine Fyot de La Marche, fille de Claude-Philibert, premier président du Parlement de Bourgogne et de Marguerite Baillet. Ami intime de Machault d’Arnouville, il fit construire le château de Courteilles dans l’Eure. Il fut successivement conseiller à la première Chambre des enquêtes du Parlement de Paris (2 juin 1718), maître des requêtes (28 mars 1732), puis ambassadeur en Suisse de 1737 à 1747. Nommé conseiller d’Etat semestre le 11 novembre 1747, il obtint en décembre de la même année l’office d’intendant des finances laissé vacant par la mort de Le Pelletier de La Houssaye. Il fut conseiller d’Etat ordinaire le 16 mai 1760 et obtint l’entrée au Conseil royal des finances en octobre 1762 (Françoise Moser, Les Intendants des finances au XVIIIe siècle, les Lefevre d’Ormesson et le département des impositions (1715-1777), Droz, Genève, 1978, p. 294).

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