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Les liens qui unirent Rigaud au ministre Philibert Orry, né à Troyes le 22 janvier 1689, sont notamment attestés par la production du splendide portrait dont le paiement fut inscrit aux livres de comptes de l’artiste en 1734 pour 3000 livres : « M. le controlleur Gnal. Philibert Orry. Id. [entièrement original] ».

 

C’est une version de cet original aujourd’hui non localisé qui est proposée à la vente ce 17 décembre par la maison Piasa (lot 221).

 

 Anciennement dans la collection de la Comtesse de La Ferronays, laquelle fut dispersée à Paris,  le 12 avril 1897 (lot 15, pl. IV, repr. p. 7), le portrait passa ensuite dans la collection Charles Lévesque et fut vendu le 27 mars 1914 (lot 13, repr.). On le revit ensuite à l’hôtel Drouot, le 31 mars 1965 (lot 54, repr.) avant d’appartenir à l’actuelle propriétaire qui nous avait contacté.

 

En 1737, Bernard Lépicié fut sollicité pour réaliser d’après la composition une « grande et belle estampe exécutée avec goût » (selon Portalis), mais sans la croix de l’ordre du Saint-Esprit présente dans l’exemplaire Piasa.

 

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Fils de Jean Orry (1652-1719), seigneur de Vignory et de Jeanne Esmonin, Philibert est l’héritier d’une fortune familiale assez considérable. Cornette d’un régiment de cavalerie dans sa jeunesse, il devient conseiller au Parlement de Paris, maître des requêtes (en 1715), intendant à Soissons (1722), puis à Perpignan (1727) et enfin à Lille (1730). Le 20 mars de cette même année 1730, il accède au Contrôle général sur recommandation du cardinal de Fleury, succédant à Le Pelletier des Forts. Orry accède ensuite au rang de ministre d’Etat le 11 novembre 1736 et entre au Conseil d’en haut. Un an plus tard, en 1737, il est nommé directeur des Bâtiments, des Arts et des Manufactures du roi. Grâce à ce poste, il ajoute une aile au château de Versailles, rétablit au Louvre les expositions annuelles de peinture et de sculpture, suspendues par Louis XIV dès 1704, et protège activement le peintre Charles-Joseph Natoire (1700-1777), qu’il nomme directeur de l’Académie de France à Rome. Le 5 décembre 1745, Orry doit démissionner sous l’influence de la marquise de Pompadour. Il se retira sans enfants, près de Méry-sur-Seine (Aube), dans son château de La Chapelle, où il mourut deux ans plus tard, le 9 novembre 1747.

 

Au terme de sa vie, alors qu’il vient de perdre sa femme, Rigaud n’hésitera pas à solliciter Orry, alors directeur des Bâtiments, dans une longue lettre datée du 22 mars 1743 (Mercure de France, XLIX, 1904) :

 

« Toutes les preuves de bonté que j’ay reçu de vous me portent à vous demander la grâce de les augmenter s’il est possible, par celle que je vous supplie d’y mettre par surcroît. Le sujet qui m’y porte est le malheur qui vient de m’accabler par la perte que je viens de faire de ma femme, parce qu’en la perdant, je perd seize cent livres de rentes viagères que j’avois mis sur sa tête au ca qu’elle me survécut […] ».

 

Orry inscrira sur le haut de la lettre qu’eu égard aux circonstances présentes seulement 1000 livres de pensions lui sont accordées…

 

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Belle revanche donc pour cet version qui a fait 40.193 € (avec les frais) après avoir vainement tenté les amateurs chez le même comissaire priseur (Piasa), le  22 juin 2007 (lot. 73, repr. p. 47 du catalogue) puis le 17 décembre 2008 (lot. 71).

 

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