Le portrait inédit de Jean-Baptiste de Magnianis (1709)
16 oct. 2011Hyacinthe Rigaud - Portrait de Jean-Baptiste de Magnianis - 1709 © photo Guillaune Onimus. Boquet & Marty de Cambiaire Fine Art
Hyacinthe Rigaud - Portrait de Jean-Baptiste de Magnianis (verso) - 1709 © photo Guillaune Onimus. Boquet & Marty de Cambiaire Fine Art
Hyacinthe Rigaud - Portrait de Jean-Baptiste de Magnianis (détail) - 1709 © photo Guillaune Onimus. Boquet & Marty de Cambiaire Fine Art
C’est en 1709 que Rigaud fit inscrire, sur ses livres de comptes et par Antoine Sauvageot, son domestique et secrétaire, les 300 livres nécessaires à la production de ce « grand buste avec une main. Tout original », figurant « Mr Magnanis, secrétaire de Mr le duc de Vendome, Natif de Perpignan [sic] »[2]. Si Joseph Roman ignorait le prénom du modèle qu’il identifiait pourtant bien, c’est qu’il suivit la note des Mémoires du chevalier de Quincy en juillet 1704[3] : « N. Magnani ou Magnanis, né à Perpignan, secrétaire et compagnon de débauche de Vendôme, avait un frère aumônier du prince et un autre capitaine dans son régiment. »
Jean-Baptiste de Magnianis (Villefranche-de-Rouergue, 24 mars 1674 – Narbonne, 1741), dont l’orthographe du nom oscille, suivant les sources, entre Magnani, Magnanis, Magniani, Magniany ouMagnianis, se fit effectivement connaître par son caractère ombrageux, tout entier dévolu au secrétariat du non moins pittoresque grand duc de Vendôme, Louis-Joseph de Bourbon (1654-1712), duc d’Etampes[4]. Sous-secrétaire puis premier secrétaire des commandements de ce dernier, après que Jean Galbert de Campistron (1656-1723) se soit retiré[5], homme de confiance d’un maître dont il partageait, dit-on, les « débauches », Magnianis était le fils d’Antoine Magnianis, alias Manuahnis, et de Françoise Salinhac. Il n’était donc pas natif de Perpignan mais y vécu dans sa jeunesse lorsque le grand duc, nommé commandant en Chef de l’Armée d’Espagne (1695), fut élu Vice-Roi de Catalogne en 1697. Il se disait aussi « Filleul de Pierre de Roussel, sieur de Pallayrel, et de Jeanne de Camboulas, femme de François Patras, procureur de Villefranche » [6].
À cette époque, Rigaud s’apprêtait à élaborer l’effigie de Vendôme (1698), sur le modèle de ces grands militaires tenant un bâton de commandement (agrémentés d'un fonds de bataille par Joseph Parrocel) et achèvait, ainsi qu’en témoigne la marquise de Sévigné dans une des lettres à sa fille du 10 juin 1695, celle commencée en 1691 du gouverneur du Roussillon, Anne-Jules de Noailles (1650-1708)[7] : « Voilà M. de Vendôme qui va commander en Catalogne, et M. de Noailles qui revient pour faire achever son portrait chez Rigaud »[8]. Si Rigaud peint Magnianis en 1709, il fera de même en 1720 pour Laurent Ozon, citoyen noble de Perpignan et secrétaire de Noailles.
Atelier de Hyacinthe Rigaud - Portrait d'Anne-Jules de Noailles - 1690 - Paris, hôtel des Invalides © d.r.
Giovanni Maria delle Piane, detto il Mulinaretto (1660-1745), Portrait du cardinal Giulio Alberoni - Piacenza, Collegio Alberoni
Hyacinthe Rigaud - Portrait de Jean-Baptiste de Magnianis (détail) - 1709 © photo Guillaune Onimus. Boquet & Marty de Cambiaire Fine Art
Hyacinthe Rigaud - Portrait présumé de Pierre V de Monthiers - 1709 - collection particulière © Stéphan Perreau
Très récemment, les commissaires priseurs Dufreche et HDV des Chaprais à Besançon ont mis en vente une miniature sur ivoire (lot 195, 4,5 x 5,5 cm) dont l'identité leur demeurait inconnue. Une comparaison immédiate avec l'effigie de Magnianis permet de reconnaître le même modèle, notamment grâce à ses sourcis très prononcés et au noeud rouge dans la perruque.
[1] Catalogue de l’exposition « Tableaux français du 17ème au 19ème siècle », 4 - 8 novembre 2011, n°6, p. 26-29, ill. p. 2 & 27 (notice de Laurie Marty de Cambiaire et Stéphan Perreau) ; Stéphan Perreau, Hyacinthe Rigaud, le peintre des rois, Montpellier, 2004 (2012), ill. p. 47, p. 241.
[2] J. Roman, Le livre de Raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, 1919, p. 145.
[3] Mémoires du chevalier de Quincy publiés pour la première fois pour la Société de l’histoire de France par Léon Lecestre, Paris, 1899, t. II, p. 26.
[4] Peint par Rigaud en 1698. Paiement inscrit aux livres de comptes en 1698 sans le prix (rajout de Hulst : « M. le duc de Vendome. Le fonds de J. Parrocel »). J. Roman, 1919, p. 63.
[5] « Campistron, né à Toulouse en 1656, acquit une grande réputation dans la république des lettres et même dans l'imitée, principalement à la bataille de Steinquerque ; il étoit de l’Académie Françoise, où il fut reçu en 1701 ; il mourut d’apoplexie à Toulouse, sa patrie en 1723. Il a fait sept tragédies, une comédie et un opéra ». Charles Philippe d'Albert Luynes, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), tome XIII, Paris, Didot, 1863, (février 1756), p. 410-11.
[6]André-François-Joseph Borel d’Hauterive, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l’Europe, Paris, Monaco, 1843, p. 279.
[7] Paiement inscrit aux livres de comptes en 1691 (188 livres). Huile sur toile d’après Rigaud. H. 198 ; L. 135 cm. Paris, musée de l’armée, hôtel des Invalides. Inv. 13273. Roman, 1919, p. 26 ; Perreau, op. cit., 2004 (2012), p. 47-48, repr. p. 48, fig. 34.
[8] Citée dans M. Gaultz de Saint-Germain, Lettres de madame de Sévigné, de sa famille, et de ses amis, Paris, Dalibon, 1823, tome XI, p. 176.
[9] Charles Philippe d'Albert Luynes, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), tome XIII, Paris, Didot, 1863, (février 1756), p. 410-11.
[10] Saint Simon, Mémoires, t. V, Paris, Sautelet, 1829, p. 42.
[11] André Le Glay, Lettres du maréchal de Tessé au prince Antoine 1er de Monaco, Monaco, Paris, 1917, p. 137.
[12] Cité dans Philippe Hrodej, L’amiral du Casse : l’élévation d’un Gascon sous Louis XIV, Paris, Librairie de l’Inde, 1999, vol. II, p. 608.
[13] Inventaire sommaire des archives diplomatiques, correspondance politique, section Espagne, Paris, 1908, p. 176.
[14] Testament du duc de Vendôme. Paris, bibliothèque nationale, manuscrit Glairambault 1160, fol. 106 : « A M. Magnani, mon secrétaire, autres six mille francs de pension annuelle sa vie durant ».
[15] Favre-Lejeune (Christine), Les secrétaires du roi de la Grande chancellerie de France. Dictionnaire biographique et généalogique (1672-1789), Paris, 1986, t. I, p. 877, 912, 1149.
[16] Selon l’armorial de d’Hozier, il portait « D’azur, au chevron d'or, accompagné de trois papillons de même ».
[17] Pierre Lemau de La Jaisse, « Chevaliers de Saint Michel suivant l’ordre de leur réception en décembre 1740 », Septième abrégé de la carte générale du militaire de France, Paris, 1740, p. 36.
[18] Narbonne. Inventaire des archives communales antérieures à 1790. Séries AA (Cartulaires), F°43, lettre du 27 mai de M. Bernage.
[19] Ibid. F°12.
[20] Almanach Royal, Paris, 1722, p. 94 : « De Magnani, rue des Blancs-Manteaux »
[21] Narbonne. Inventaire des archives communales antérieures à 1790. Séries AA, op. cit., F°257, 3 août 1727.
[22] J. Roman, op. cit., p. 155.
[23] Voir sur ce sujet : Jean de Cayeux, « Rigaud et Largillierre, peintres de mains », Études d’art publiées par le musée national des Beaux-Arts d’Alger, vol. 6, Alger, 1951.
[24] Huile sur toile. H. 96 ; L. 65. Vente Versailles, Palais des Congrès, 28 février 1988. Perreau, op. cit., 2004 (2012), p. 185, repr. fig. 161.
[25] « Catalogue de l’œuvre gravé du sieur Hyacinthe Rigaud, rangé selon l’ordre des temps qu’ont été faits les tableaux d’après lesquels les estampes qui composent cet œuvre ont été gravées ; avec les noms du graveur de chacune, l’année qu’elle a été produite et les autres éclaircissements nécessaires », dans Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des Membres de l’Académie de Peinture et de Sculpture, Paris, II, 1854, p. 188 (« Magnanis, secrétaire du roi. Grand bust[e] avec une main »).
[1] Catalogue de l’exposition « Tableaux français du 17ème au 19ème siècle », 4 - 8 novembre 2011, n°6, p. 26-29, ill. p. 2 & 27 (notice de Laurie Marty de Cambiaire et Stéphan Perreau) ; Stéphan Perreau, Hyacinthe Rigaud, le peintre des rois, Montpellier, 2004 (2012), ill. p. 47, p. 241.
[2] J. Roman, Le livre de Raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, 1919, p. 145.
[3] Mémoires du chevalier de Quincy publiés pour la première fois pour la Société de l’histoire de France par Léon Lecestre, Paris, 1899, t. II, p. 26.
[4] Peint par Rigaud en 1698. Paiement inscrit aux livres de comptes en 1698 sans le prix (rajout de Hulst : « M. le duc de Vendome. Le fonds de J. Parrocel »). J. Roman, 1919, p. 63.
[5] « Campistron, né à Toulouse en 1656, acquit une grande réputation dans la république des lettres et même dans l'imitée, principalement à la bataille de Steinquerque ; il étoit de l’Académie Françoise, où il fut reçu en 1701 ; il mourut d’apoplexie à Toulouse, sa patrie en 1723. Il a fait sept tragédies, une comédie et un opéra ». Charles Philippe d'Albert Luynes, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), tome XIII, Paris, Didot, 1863, (février 1756), p. 410-11.
[6]André-François-Joseph Borel d’Hauterive, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l’Europe, Paris, Monaco, 1843, p. 279.
[7] Paiement inscrit aux livres de comptes en 1691 (188 livres). Huile sur toile d’après Rigaud. H. 198 ; L. 135 cm. Paris, musée de l’armée, hôtel des Invalides. Inv. 13273. Roman, 1919, p. 26 ; Perreau, op. cit., 2004 (2012), p. 47-48, repr. p. 48, fig. 34.
[8] Citée dans M. Gaultz de Saint-Germain, Lettres de madame de Sévigné, de sa famille, et de ses amis, Paris, Dalibon, 1823, tome XI, p. 176.
[9] Charles Philippe d'Albert Luynes, Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), tome XIII, Paris, Didot, 1863, (février 1756), p. 410-11.
[10] Saint Simon, Mémoires, t. V, Paris, Sautelet, 1829, p. 42.
[11] André Le Glay, Lettres du maréchal de Tessé au prince Antoine 1er de Monaco, Monaco, Paris, 1917, p. 137.
[12] Cité dans Philippe Hrodej, L’amiral du Casse : l’élévation d’un Gascon sous Louis XIV, Paris, Librairie de l’Inde, 1999, vol. II, p. 608.
[13] Inventaire sommaire des archives diplomatiques, correspondance politique, section Espagne, Paris, 1908, p. 176.
[14] Testament du duc de Vendôme. Paris, bibliothèque nationale, manuscrit Glairambault 1160, fol. 106 : « A M. Magnani, mon secrétaire, autres six mille francs de pension annuelle sa vie durant ».
[15] Favre-Lejeune (Christine), Les secrétaires du roi de la Grande chancellerie de France. Dictionnaire biographique et généalogique (1672-1789), Paris, 1986, t. I, p. 877, 912, 1149.
[16] Selon l’armorial de d’Hozier, il portait « D’azur, au chevron d'or, accompagné de trois papillons de même ».
[17] Pierre Lemau de La Jaisse, « Chevaliers de Saint Michel suivant l’ordre de leur réception en décembre 1740 », Septième abrégé de la carte générale du militaire de France, Paris, 1740, p. 36.
[18] Narbonne. Inventaire des archives communales antérieures à 1790. Séries AA (Cartulaires), F°43, lettre du 27 mai de M. Bernage.
[19] Ibid. F°12.
[20] Almanach Royal, Paris, 1722, p. 94 : « De Magnani, rue des Blancs-Manteaux »
[21] Narbonne. Inventaire des archives communales antérieures à 1790. Séries AA, op. cit., F°257, 3 août 1727.
[22] J. Roman, op. cit., p. 155.
[23] Voir sur ce sujet : Jean de Cayeux, « Rigaud et Largillierre, peintres de mains », Études d’art publiées par le musée national des Beaux-Arts d’Alger, vol. 6, Alger, 1951.
[24] Huile sur toile. H. 96 ; L. 65. Vente Versailles, Palais des Congrès, 28 février 1988. Perreau, op. cit., 2004 (2012), p. 185, repr. fig. 161.
[25] « Catalogue de l’œuvre gravé du sieur Hyacinthe Rigaud, rangé selon l’ordre des temps qu’ont été faits les tableaux d’après lesquels les estampes qui composent cet œuvre ont été gravées ; avec les noms du graveur de chacune, l’année qu’elle a été produite et les autres éclaircissements nécessaires », dans Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des Membres de l’Académie de Peinture et de Sculpture, Paris, II, 1854, p. 188 (« Magnanis, secrétaire du roi. Grand bust[e] avec une main »).