C'est les pieds dans l'eau et sans doute sous un beau soleil d'été que sera vendu le 4 juin prochain, le portrait par Hyacinthe Rigaud de l'ambassadeur hollandais sous Louis XIV, Abraham Van Hoey (1684-1766). D'un format standard pour l'époque (H. 83 x 65 cm), le tableau porte, au dos du rentoilage, la retranscription en hollandais d'une longue notice biographique consacrée aux titres du modèle et mentionnant la date de confection par Rigaud : « peint par hiacinthe Rigaud | à Paris en 1736 ».

 

C'est à l'occasion d'une exposition sur les collectionneurs toulousains au XVIIIe siècle, en 2011, que Dominique Brême avait fait exposer l'oeuvre au musée Paul Dupuy et en avait décrit longuement l'historique dans le catalogue qui fut édité par Somogy.

 

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Abraham Van Hoey par Hyacinthe Rigaud - 1736 © d. r.

 

 

Artcurial-Deauville aura ainsi la tâche de faire valoir la qualité de cette oeuvre tardive du maître (lot 8), enveloppée des couleurs sombres et « électriques » (le mot est de Brême) chères au peintre dans sa dernière période : le brun, le violet, le rouge lie-de-vin ou velours amarante, le vert bouteille... On pourra, certes, reprocher à ce portrait un aspect quelque peu « glacé », figé même, mais c'est le jeu. Dezallier d'Argenville, dès 1745, convenait déjà que « dans son dernier tems, Rigaud, à force de finir ses tableaux, en a rendu les contours secs, & que sa couleur tire un peu sur le violet ».

 

On sait que Rigaud, avant d'arriver au portrait de Van Hoey, était passé par mains modèles sur lesquels il avait testé des ports de tête, des cravates, des agencements de drapés... Ici la vêture de l'ambassadeur n'est pas sans rappeller, à la fois celle du financier John Law (bout de perruque) ou celle de Lucas Schaub de Bâle, étourdissant portrait qui montre la virtuosité d'un véritable artiste (tant dans la spiritualité de la physionomie que dans l'éclat des brochés et des ors de la veste).

 

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Hyacinthe Rigaud - Lucas Schaub, de Bâle - 1721 © photo Stéphan Perreau

 

Là où la perruque de Schaub se fait plus volubile, celle de Hoey est plus ordonnée, resserrée et dense. On retrouve cette même pratique dans un portrait d'homme non identifié passé en vente publique le 4 avril 1974, avec une cravate de semblable dentelle, terminée par des pompons frangés...

 

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Atelier de Rigaud - homme - v. 1736 photo d.r.

 

mais aussi dans de nombreux autres effigies de ces années 1735 (féminines ou masculines d'ailleurs), dont celle de Jean-François de La Porte de Meslay est un bon exemple...

 

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Hyacinthe Rigaud - Le fermier général La Porte de Meslay - 1733 - photo Stéphan Perreau

 

 

 

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