Hyacinthe Rigaud et la Schorr collection
04 nov. 2021« La création d'une collection privée est un exercice intensément personnel. [...] Une telle collection peut refléter la vanité du collectionneur, ou elle peut, espérons-le, refléter une curiosité intellectuelle qui peut dans une certaine mesure être assouvie par la juxtaposition d'époque, de style, de sujet, de médium, d'artiste ou de créateur. [...] La propriété est éphémère, mais l'acte de propriété privée est en soi une entreprise qui peut donner un aperçu du processus même de sélection et d'acquisition. [...] C'est un privilège rare de pouvoir apprécier et savourer des œuvres d'art aussi inspirantes [...]. »
En préambule à la publication en 2014 du volumineux catalogue raisonné de la Schorr Collection, son propriétaire, l’homme d’affaire londonien David Lewis, témoignait ainsi de la passion qui l’anima durant les 35 années au cours desquelles il rassembla patiemment près de 400 chefs-d’œuvre. Des images de dévotion du XVe siècle aux paysages impressionnistes français du XIXe siècle, Rubens, Tintoret, le Gréco, Cranach, mais aussi Turner, Delacroix, Pissaro et Sisley ont composé, au gré des acquisitions, un véritable musée imaginaire que son possesseur et son fils Howard ont voulu peu à peu partager avec le public, que ce soit par le biais d’expositions[1] ou par celui par des prêts de longue durée dans de nombreux musées du monde[2].
Pour l’historien de l’art, plonger fortuitement dans un tel ensemble et y trouver plusieurs pépites appartenant au corpus d’Hyacinthe Rigaud alors qu’on ne les y attendait pas est toujours un plaisir. Dominée par la peinture religieuse des XVIe et XVIIe siècles ainsi que par les portraits — principalement d’Europe du Nord —, la Schorr Collection demeure encore aujourd’hui assez méconnue du public continental et, surtout, des historiens du portrait français. Aux côtés d’inspirants Mignard pourtant[3], de non moins soyeux Largillierre[4], de sobres De Troy[5] ou de volubiles Louis Michel Van Loo[6], ce ne sont pas moins de quatre images rigaldiennes que l’on y redécouvre, et qui illustrent parfaitement l’idée de David Lewis selon laquelle « un bon portrait est comme une bonne biographie ».
Hyacinthe Rigaud, portrait de Marguerite Henriette de La Briffe, 1698. The Schorr collection © avec l'aimable autorisation des propriétaires
Deux d’entre elles étaient connues mais n’étaient plus localisées depuis leurs ventes publiques respectives sur le marché de l’art français en 2006. Désormais réunis par un heureux hasard, le portrait d’Anne Catherine de La Briffe (v. 1678-1701)[7], comtesse de Meslay et de son père Arnaud II (1649-1700)[8], marquis de Ferrières-en-Brie et seigneur d’Amilly furent peints par Hyacinthe Rigaud à deux ans d’intervalle, en 1698 et 1700. Demi-sœur de la belle Marguerite-Henriette (v.1695-1724), future comtesse de Selles (une autre cliente de Rigaud en 1712), Anne Catherine était issue de la première union de son père avec la fille de l’académicien Pottier de Novion, Marthe Agnès. Marié dès l’âge de 12 ans au conseiller Jean IV Rouillé (1656-1715), comte de Meslay-le-Vidame, elle pose ici devant le peintre à l’orée de sa vingtaine mais mourra prématurément le 28 février 1701, laissant un mari et un enfant âgé d’à peine quatre ans[9]. La posture en buste, sans les mains que cache un manteau souple de velours parme doublé de brocard, fit florès dans l’œuvre de Rigaud. Nombreuses furent les clientes qui souhaitèrent en effet, sinon un même visage de front, au moins une composition fort voisine, de la répétition d’une coiffure « à la fontange » agrémenté d’un ruban de soie tressant la natte, jusqu’à l’ordonnance du corsage dont les ouvertures sur le devant semblaient le prétexte à la représentation d’un bijou délicat, répondant ici aux perles sertissant le haut de la chevelure…
Hyacinthe Rigaud, portrait d'Arnaud II de La Briffe, 1700. The Schorr collection © avec l'aimable autorisation des propriétaires et de Bridgemann images
Autrefois considéré comme représentant Barthélémy Jean-Claude Pupil (1689-1779) le portrait du père de la comtesse de Meslay, quitta quant à lui son identité anachronique en rejoignant la Schorr Collection à l’issue d’une vente New-Yorkaise. Si Christopher Wright rendit dans son catalogue le nom du modèle à l’anonymat — considérant à juste titre que le style même de la peinture évoquait un personnage plus ancien —, nous avions pu de notre côté rétablir en 2013 celui d’Arnaud II de La Briffe en découvrant, au château de Thoiry, une réduction en buste de la composition initiale. La présence de cette version dans un des salons bas du grand appartement du comte de La Panouse, descendant des Machaut d’Arnouville, n’était effectivement pas incongrue puisqu’il avait eu un tronc commun avec les Rouillé de Meslay et les Rouillé du Coudray.
Dans un décorum tout à fait ostentatoire mais d’une extraordinaire légèreté de ton, Monsieur le procureur général de La Briffe pose bienveillant, sans se douter que la mort allait bientôt l’emporter en son marquisat de Ferrières, le 19 septembre 1700, soit quelques mois après avoir reçu son portrait[10]. Assis dans un large fauteuil à accotoirs de feuilles d’acanthes, une main dégantée, l’homme offre un visage jovial inspirant la sympathie, tempérant avec finesse le fracas des camaïeux de noir de sa robe de parlementaire. Derrière lui, à gauche, une double colonne cannelée sur laquelle un drapé volant s’accroche, ouvre le fond vers un doux ciel d’aurore, bien vite rattrapé par la tenture et ses liens terminés de pompons, dont on se demande (comme l’avouait l’abbé de Fontenai), s’ils ne sont pas sans cesse agités chez Rigaud par un vent imaginaire.
Le troisième portrait de la série, et non des moindres, est une véritable nouveauté dans le corpus rigaldien. Il s’agit de celui du chancelier Daniel François Voysin (1654-1717), représenté dans toute la pompe de sa fonction de garde des sceaux du roi. Sur un fond de mur de pilastres, rythmé par une niche ornée d’une statue de la justice et à l’avant d’un muret supportant une colonne ornée d’un lourd rideau, l’homme est assis dans un fauteuil à haut dossier recouvert de velours brun galonné d’or. Vêtu du grand costume de soie noire et rouge caractéristique de sa fonction, boutonné sur le devant de haut en bas et le cou ceint du cordon de l’ordre du Saint Esprit dont il fut greffier de 1700 à 1713, il tient dans l’une de ses mains la lettre de provision de sa charge, signée par le roi et frappée du grand sceau, reposant bien en vue sur une table couverte d’un carreau écarlate. Sur le plat, sont également disposés plusieurs ouvrages de marocain, un nécessaire à écrire ainsi que le coffre des sceaux du roi.
Hyacinthe Rigaud et atelier, portrait de Daniel François Voysin, 1715. The Schorr collection. En dépôt au San Antonio museum of art © avec l'aimable autorisation des propriétaires et de Bridgemann images
Au sein de la suite ininterrompue des portraits connus des chanceliers de France, l’œuvre de Rigaud manquait depuis longtemps. On savait, dans une autobiographie de l’artiste, qu’il avait eu l’occasion de fixer les traits de celui qui avait débuté sa carrière comme conseiller au Parlement (1674) avant de devenir maître des requêtes (1683) puis conseiller d’État de senestre (1694) : « En cette même année 1714, M. Voisin, chancelier de France, à l’imitation de tant de seigneurs, a voulu être peint par lui [Rigaud], habillé avec ses habits de cérémonie. Il est assis sur un fauteuil vis-à-vis le coffre des sceaux du roi. Le tableau a sept pieds de hauteur sur cinq de large. ». L’œuvre, d’imposantes dimensions (2,13 m sur 1,52 m de large), achevée l’année suivante, avait coûté l’extraordinaire somme de 4000 livres, propulsant ainsi le modèle dans le cercle fermé des clients les plus significatifs du moment, aux côtés du portrait de Frédéric Auguste de Saxe (pour le même prix) ou de Louis XV (le plus onéreux de tous avec ses 8000 livres).
Acquise par David Lewis sur le marché de l’art français à Drouot en 1992, l’œuvre, légèrement plus petite que l’original, avait longtemps cherché son auteur et son modèle puisque l’on avança pour le premier le nom de Claude Lefevre (situant stylistiquement la toile aux alentours de 1680-1690) et pour le second, tour à tour celui du chancelier Henri François d’Aguesseau (pourtant bien connu par les œuvres de son peintre officiel, Robert Le Vrac Tournières) ou, plus récemment, l’un des prédécesseurs de Voysin à la charge, Louis Boucherat (immortalisé par son portrait peint par Pierre Mignard)[11].
Atelier de Pierre Mignard, portrait de Louis Boucherat. Genève, musée d'art et d'Histoire © Ville de Genève, Musées d'art et d'histoire. Legs Gustave Revilliod, Genève, 1890
Dans une lettre datée de mars 1994 adressée à Doron J. Lurie, conservateur du musée de Tel Aviv où la Schorr collection proposait de prêter l’œuvre en longue durée, Thierry Bajou, lui-même conservateur au château de Versailles, avouait à son homologue[12] : « À l’évidence, il s’agit d’un superbe tableau dont la seule qualité, me semble-t-il, justifierait, à elle seule l’acceptation de la proposition qui vous est faite. Cela dit, le modèle ne peut en aucun cas être identifié avec Louis Boucherat […]. La comparaison avec la gravure de Thomassin qui montre un personnage au visage beaucoup plus rond, est sans appel à cet égard. Je serais davantage enclin à reconnaitre ici l’effigie de Daniel François Voysin (1654-1717), chancelier en 1714. Je n’ai pas cherché de portraits de lui qui auraient pu être réalisés après 1714 toutefois, les portraits antérieurs, la gravure d’après le portrait de Philippe de Champaigne par exemple, trahissent une structure du visage identique et de traits, certes plus jeunes, mais particulièrement proches et comparables […]. »[13]
Lorsque le tout nouveau chancelier pousse la porte du Catalan, à l’âge de 61 ans, son visage a certes largement vieilli. Pourtant on y reconnait encore bien les mêmes yeux clairs en larges amandes, figurés par Champaigne et Mignard, ces mêmes pommettes saillantes et hautes, cette même lèvre supérieure ténue surplombant l’inférieure plus charnue, cette même fossette au menton et ce même nez légèrement busqué. Plus souriant que dans ses premières effigies, l’homme avait toutefois gardé du siècle précédent une petite barbe mouche qu’arborait également Boucherat et qui fut peut-être l’origine pour certains historiens de la confusion entre les deux prétendants à l’identification du tableau.
Portrait de Daniel françois Voysin. À gauche : Nicolas Regnesson d'après Philippe de Champaigne. À doite, Nicolas Pitau d'après Pierre Mignard
Bajou poursuivait en évoquant le nom de Rigaud en tant que créateur de l’image car, selon lui, le style de l’œuvre lui paraissait « s’accorder davantage à une datation voisine de 1715 que des années 1690. Or Rigaud réalise un portrait de Voysin en 1715 et plusieurs copies en buste par la suite. Rien ne s’oppose à mon avis, à ce que l’on soit ici en présence de ce portrait (ou d’une réplique) ». Cette dernière nuance, évoquant tant l'original que la réplique autographe avec participation du maître, revêt selon nous toute son importance. Car si la toile de la Schorr Collection hypnotise par l’éclat de ses couleurs, le brio de son décorum ou la netteté de son dessin, l’aspect très nourri de sa palette tranche avec l'exigence d'extrême fini d'un artiste alors à l’acmé de son art. Les ombres sous le sceau ou sous la main gauche appuyée sur l'accotoir du fauteuil, sont simplement disposées sous les parties qu’elles mettent en relief, sans être fondues avec les zones qu'elles surplombent ou auxquelles elles se juxtaposent, comme d'ordinaire chez l'artiste. Les mains, enfin, habituellement fines, arachnéennes, aux doigts en fuseau presque sans phalanges terminées par des ongles courts rehaussés d’un trait de lumière, sont ici plus mâles, plus veinées, plus viriles.
On comprend alors le trouble ressenti par le conservateur et la perspective que la vibrante version Schorr ait pu être une œuvre conjointe du maître et de son atelier, peut-être même inachevée dans l'attente d'une reprise de finition. Avec toutes les réserves en pareil cas, le portrait aurait alors pu idéalement correspondre à l'exemplaire commandé à Rigaud peu de temps avant sa mort par le neveu du modèle, Daniel-Charles Trudaine (1703-1769), conseiller d’État, exécuteur testamentaire de Voysin[14]. Lors de la levée des scellés apposés après le décès de Rigaud, le 18 mars 1744, on avait en effet représenté que le portrait original du chancelier était revenu dans l’atelier, prêté par Marie Voysin (v. 1692-1746), cadette des filles que le chancelier avait eu de son mariage en 1683 avec Charlotte Trudaine (1664-1714)[15], ceci « aux fins d’en faire faire par led. S. Rigaud une coppie pour M. Trudaine, Conseiller d’État, lequel portrait est resté en la possession dud. S. Rigaud jusqu’à sa mort »[16].
Si l’entourage du chancelier avait rapidement souhaité une copie réduite de l’original — sans doute l’un des deux bustes réalisés par Charles Sevin de La Penaye en 1715 — la mort subite du modèle, en février 1717, terrassé par une crise d’apoplexie alors qu’il se trouvait à la table de l’ambassadeur Barberie de Saint-Contest, avait pourtant mis un terme à la démultiplication de l’image du ministre[17]. Des recherches en cours permettrons sans doute, nous l’espérons, d’apporter des éléments plus concrets sur le devenir de la « réplique Trudaine » et sur le statut de la belle toile de la Schorr Collection dont le spectaculaire témoigne des plus belles réalisations de l’artiste.
Hyacinthe Rigaud, portrait d'homme, huile sur toile ovale. v. 1690. À gauche : exemplaire de la Schorr Collection © avec l'aimable autorisation des propriétaire et de Bridgemann. À droite : exemplaire de l'ancienne collection Colin Broun Lindsay © d.r.
Pour terminer ce tour d’horizon, on évoquera un quatrième item qui, de notre avis, doit beaucoup aux belles créations d’Hyacinthe Rigaud[18]. Peint en buste, les épaules tournées vers la droite, l’homme est vêtu d’un manteau de velours bordeaux, le col de la chemise ouvert. Fixant le spectateur de face, il a le regard doux et le sourire esquissé. Acquit de la galerie Bruno Meissner à Zürich en 1994 comme autoportrait de Pierre Mignard, ce bel ovale possédait une version jumelle, anciennement dans la collection écossaise du capitaine Colin Broun Lindsay (1926-1989) à Coulsoun et qui fut vendu par Sotheby’s Londres, le 4 juillet 1990 comme autoportrait de Rigaud (lot. 109).
S’il reste difficile aujourd’hui de conserver l’idée d’un autoportrait de « Mignard jeune », ne serait-ce qu’à cause du style même de la perruque en usage dans les années 1690-1700 et bien peu en accord avec la date de 1660, opter pour le visage du portraitiste Catalan est devenue, avec le temps et l’iconographie, une impossible option. Excepté une certaine douceur dans le visage assez avancé en âge et malgré la vague impression pour certains qu'il s'agissait peut-être là d'un artiste, il n'existe aucun élément pouvant interpréter le nom du modèle.
[1] Christopher Wright, A collector eye : Cranach to Picasso, Liverpool, The Walker Art museum, 18 février – 15 mai 2011.
[2] Selections from the Schorr Collection, Phoenix art Museum, 26 avril 2017 – 13 juin 2021
[3] Un portrait d’homme en costume polonais, dit de Jean II Casimir Vasa (1609-1672), roi de Pologne, anciennement attribué à Largillierre et reproposé comme Mignard (n°237). Anciennement dans la collection du baron Fechenbach à Laudenbach-sur-le-Main, il rejoignit la Schorr collection avec son pendant, le portrait présumé Claudine Françoise Mignot (1624-1711), brève épouse du roi de Pologne (n°238).
[4] Une version du portrait du comte de Magalotti, prêté au château Hillsborough, County Down, Irlande du Nord (n°187), ceux des rouennais Jean-Joseph Hurard (1663-1721) et de son épouse, Geneviève Pésier, peints en 1711 (n°188 et 189) et celui de Merry Pommyer, peint en 1722 (n°190).
[5] Le portrait de Jeanne Cotelle (1642-1708), épouse du peintre (n°390), cité comme non localisé dans le catalogue de l’exposition Visages du grand Siècle de 1997 (p. 352) et celui du père Jean de Gravier, supérieur du couvent parisien des Feuillants (n°391).
[6] Portrait de Jacques-Laure Le Tonnelier (1723-1785), bailli de Breteuil, peint en 1766 (n°214) ainsi que celui d’une femme en vestale (n°215).
[7] Londres, The Schorr collection, n°322 (Wright, 2014, t. I, p. 213, t. II, p. 214).
[8] Idem, n°321 (Wright, 2014, t t. I, p. 213, t. II, p. 341 [identifié comme « portrait of a man »]).
[9] On fit alors du portrait quelques copies, ainsi qu’une miniature que nous avons récemment identifiée en 2007 (voir hyacinthe-rigaud.com, cat. P.563-2).
[10] Saint Simon rapporte dans ses Mémoires que La Briffe mourut « d’une longue maladie, du chagrin dans lequel il vécut dans cette charge [de procureur général], des dégoûts et des brocards dont le premier président Harlay l’accabla ».
[11] Londres, The Schorr collection, n°320 (Wright, 2014, t. I, p. 2123, t. II, p. 213).
[12] Lettre publiée par Christopher Wright dans le catalogue de la Schorr collection (t. I, p. 212). Nous tenons à remercier chaleureusement David Lewis et son fils, propriétaires de la Schorr Collection, de nous avoir spontanément fait parvenir leurs catalogues et d'avoir bien voulu répondre à nos questions sur leurs tableaux.
[13] Philippe de Champaigne avait en effet livré un portrait de Voysin, assez jeune encore, gravé par la suite par Nicolas Regnesson (1616-1670). Pierre Mignard avait pris sa suite pour un portrait de la maturité, confiant en 1668 la transposition de son œuvre au burin au franco-flamand Nicolas Pitau (1632-1671).
[14] Voysin avait fait un testament holographe le 12 novembre 1716, déposé le 2 février 1717 pour minute chez le notaire parisien Jean-François Jourdain, lequel réalisa également l’inventaire après décès de son client, le 8 suivant (archives nationales, minutier central, ét. CXII/483/A).
[15] L’aînée, Marie Charlotte (1685-1729) épousa en 1706 Louis Le Goux de La Bretesche (1675-1737), comte de La Rochepot, conseiller d’État ordinaire, « fils unique fort riche et d'un nom très ancien et très distingué dans la robe » (selon les termes même de Voysin dans une lettre à Breillet de La Villate le 21 juin 1706). La seconde, Charlotte Vautrude (1692-1723), se maria à Alexis Madeleine Rosalie (1690-1754), duc de Châtillon, gouverneur du Dauphin. La troisième, Marie Madeleine (v. 1790-1722), s’unit au marquis Charles Guillaume de Broglie (1669-1751), Lieutenant-général des armées du roi.
[16] Guiffrey, 1884, p. 60. C’est en tant que veuve du lieutenant général des armées du roi, Louis Thomas du Bois de Givry (1668-1742), marquis de Leuville, que se fit représenter en 1744, lors de la levée des scellés afin de récupérer le portrait original de son père. La présence du portrait chez Rigaud est confirmée par les folios 29 et 30 de l’inventaire après décès de l’artiste.
[17] « La nuit du premier au second février, veille de la Purification, la mort enleva par une attaque d’apoplexie Messire Daniel-François Voysin, seigneur du Plessis la Noiraye, chancelier et garde des sceaux de France, âgé d’environ soixante-deux ans. Il avoit travaillé presque tout ce jour-là avec une application qui lui étoit naturelle. Le soir il se mit à table pour souper, sans s’être plaint d’aucune incommodité, il ne s’en aperçut lui-même qu’entre deux et onze heures, qu’étant encore à Table il voulut porter sa fourchette dans une porcelaine de compotte, & ne pouvant pas étendre la main droite, il voulut y porter la gauche qui n’eut pas plus de force pour s’étendre que l’autre. A peine put-il faire connoitre à ceux qui étoient auprès de lui qu’il se sentoit indisposé, qu’en même tems il perdit connoissance, & ne donna de signes de vie que jusques vers les trois heures après minuit, qu’il rendit l’esprit. » (La Clef du cabinet des princes de l’Europe, janvier 1717, vol. 26, p. 220).
[18] Londres, The Schorr collection, n°239 (Wright, 2014, t. I, p. 173, t. II, p. 209).