Un militaire bien dans l'esprit d'Hyacinthe Rigaud
11 juil. 2018D'après Hyacinthe Rigaud, portrait d'un militaire, 1699. Paris, commerce d'art en juillet 2018 © Oger et Blancher svv.
Le 10 juillet 2018 (lot 28), la maison Oger et Blanchet, mettait en vente un petit lavis d’encre figurant un militaire habillé de son armure, posant devant le spectateur à mi-corps. Arborant une ample perruque caractéristique de la fin du XVIIe siècle, avec ses cheminées sommitales encore peu développées, l’homme ne laissait voir qu’un de ses bras, à la main gantée, appuyée sur sa hanche, sans doute sur le pommeau d’une épée que l’on devine à peine. Un discret drapé, sur la gauche de la composition, cache le bras droit du personnage qui pose dans un décor extérieur, agrémenté à droite d’une colonne tronquée. La posture et l’attitude font indéniablement penser à ces militaires fréquents dans l’œuvre de Hyacinthe Rigaud comme semble le confirmer une inscription rapportée au bas de la feuille, qui reprend la formulation originale des signatures de l’artiste : fait par Hyacinthe Rigaud à Paris 1699.
Ecole française du XIXe siècle d'après Hyacinthe Rigaud (extrapolé en pied), portrait du duc de Noailles. Paris, hôtel des Invalides © d.r.
À cause du peu de caractérisation des traits du visage, qui ne donne aucun indice sur l’âge possible du modèle, tout rapprochement avec un modèle connu du peintre dans les années 1699 semble hasardeux. La présence d’un large cordon, ceignant le buste du personnage, ne constitue pas d’indice plus probant car, en l’absence de toute couleur, il pourrait tout aussi bien s’agir d’un cordon rouge de l’ordre militaire de Saint Louis, de celui, bleu, de l’ordre du Saint Esprit, ou encore d’un ordre étranger. Or, aucun modèle référencé dans les livres de comptes pour 1699 (ou en 1700 si l’on considère que le paiement du portrait ait pu intervenir avec un léger décalé) ne coïncide de manière idéale avec le petit lavis de la vente Blanchet et Oger. Le marquis de Ximénès qui fut fait chevalier de Saint Louis en 1700 ? Pierre de Montesquiou d’Artagnan, qui fit sans doute rajouter a posteriori sur son portrait le cordon de l’ordre du Saint Esprit ? On devra patienter avant de se prononcer…
Toutefois, la composition n’est pas sans rappeler le positionnement du portrait du duc de Noailles, réalisé en 1691, ou, avec une torsion plus nette du buste, celui du Louis XIV de 1694. Si ce lavis ne peut être d’évidence de la main de Rigaud ou de son atelier, il pourrait tout à fait garder le souvenir d’une des productions du maître, et qui aurait été réalisé par un artiste anonyme ayant pris le soin de rapporter au bas de sa feuille la signature du portraitiste présente au dos de la toile d'origine.