Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait du duc d'Albret, v. 1705-1708. Paris, Galerie FC © d.r.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait du duc d'Albret, v. 1705-1708. Paris, Galerie FC © d.r.

L’air mutin, paré d’une longue perruque léonine, Emmanuel-Théodose de La Tour d’Auvergne fut peint par Hyacinthe Rigaud en 1703 à l’âge de 35 ans. Si l’on ne connaît toujours pas l’original de ce portrait qui devait être d’un format à mi-corps qui nécessita le paiement de 500 livres, la réapparition d’une nouvelle version, même tronquée, constitue toujours un bel apport à la connaissance de cette image qui fit indéniablement recette.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait du duc d'Albret, v. 1705-1708. Coll. priv. © Bonhams

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait du duc d'Albret, v. 1705-1708. Coll. priv. © Bonhams

 

 

Le 21 octobre de l’année dernière, Franck Claverie, de la galerie FC à Paris, nous soumettait en effet ce que l’on aurait pu prendre à première vue pour un ovale, et qui présentait, avec quelques infimes variantes, la posture déjà reconnue dans une autre version peinte en vente Bonhams à Londres en octobre 2012. Peinte vraisemblablement après 1705, date à laquelle l’atelier de Rigaud produisit grâce à Bailleul et Delaunay, près de 10 copies en buste et une «  en grand », la version de la galerie FC semblait d’une autre main que celle de sa consœur londonienne. Plus tendre dans son traitement, elle n’omettait cependant aucun des détails qui devaient figurer sur l’original, fait selon le principe de « l’habillement répété » d’une posture plus ancienne : en armure ceinte d’une draperie de velours, le modèle toisait le spectateur tout en brandissant l’un de ses bras vers l’extérieur où l’on pouvait imaginer une main tenant un bâton de commandement.

 

 

A gauche : Atelier d'Hyacinthe Rigaud, répertoire d'attitudes cuirassées, coll. priv. © photo d.r. / A droite : Hyacinthe Rigaud, portrait de militaire, v. 1699, coll. priv. © Tajan

A gauche : Atelier d'Hyacinthe Rigaud, répertoire d'attitudes cuirassées, coll. priv. © photo d.r. / A droite : Hyacinthe Rigaud, portrait de militaire, v. 1699, coll. priv. © Tajan

 

Cette posture, dont on a de très nombreux exemples, se retrouve dans plusieurs répertoires d’attitudes, composées par le maître pour que ses clients puissent choisir à discrétion celle qui leur convenait le mieux.

 

Rapidement parti en restauration, et fraîchement revenu à la galerie, le tableau réserva quelques surprises, comme nous l’a aimablement indiqué ce matin Mr Claverie : Non pas ovale, l’œuvre fut peinte au rectangle puis ses angles coupés pour faire rentrer le châssis dans un cadre mécanique bien postérieur. La bordure moderne cachait ainsi la majorité du bras à droite ainsi que le drapé en bas à gauche.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait du duc d'Albret, v. 1705-1708. Paris, Galerie FC © d.r.

Atelier d'Hyacinthe Rigaud, portrait du duc d'Albret, v. 1705-1708. Paris, Galerie FC © d.r.

 

 

La petite célébrité du portrait du duc d’Albret, gravé en partie par Jean-François Cars, mais en buste « dont il n’y a que la tête d’achevée à cause de la savante beauté des cheveux » nous avouait Hulst, illustre s’il est besoin les relations nourries que Rigaud eut avec la famille des Bouillon. Comme nous le rappelions à l’occasion d’un récent article sur l’effigie que nous avions retrouvée du cardinal de La Tour d’Auvergne il y a quelques années [1], Rigaud fut un fidèle traducteur de cette famille, laquelle était, à différents égards, indissociable des règnes de Louis XIV et de Louis XV.

 


[1] Stéphan Perreau, « Henri Oswald, cardinal d'Auvergne, et les arts : le goût dans la représentation », Les Cahiers d’Histoire de l’art, 2017, n°15, p. 13-24.

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